« Le talent n’est qu’une aptitude qui se développe, on peut en acquérir deux ou trois fois plus qu’on a ». Ce passage du livre L’art d’écrire de l’écrivain français Antoine Alabat illustre bien la carrière de Henri Pierre Espérance Diop qui a brillé comme footballeur mais aussi comme athlète.
Certains talents sont inoubliables, éternels. On en parle pour inspirer les plus jeunes, leur donner un modèle de réussite, de persévérance et cette fois-ci de polyvalence. Décédé le 17 juillet passé à l’âge de 89 ans, Pierre Henri Espérance Diop n’est sans doute pas connu par la génération actuelle mais laisse derrière lui une histoire à raconter avec le sport au cœur d’une vie.
Henri incarnait des valeurs humaines profondes telles que la rigueur, la volonté et une solidarité sans faille, qui lui ont permis de briller tant dans le domaine du sport que dans sa carrière militaire et civile. Portant fièrement les couleurs de la Jeanne d’Arc de Dakar de 1955 à 1959, il faisait partie de la génération des jeunes sportifs qui se sont imposés par l’effort, la discipline et le progrès. Fait assez rare, il a aussi performé sur les pistes d’athlétisme en remportant plusieurs titres prestigieux, dont le 400 m de l’Afrique Occidentale Française (AOF).
En tant que joueur de football, son mordant sur le terrain ainsi que son sens du placement étaient reconnus et célébrés par ses coéquipiers, entraîneurs et supporters. Il avait pour conviction qu’un bon footballeur devait avant tout être un athlète complet. Souleymane Camara « gaucher », ancien coach de la JA, avait confié à sa famille une anecdote mémorable. Assis sur les épaules de son oncle au parc municipal des sports, il avait vu « DIOP Henri » prendre un ballon dans ses 18 mètres, traverser les 120 mètres du terrain et marquer.
À l’âge de la retraite, Henri a continué à militer dans le sport en accompagnant le développement de Dakar Sacré-Cœur. C’était pour lui l’occasion de transmettre le témoin aux nouvelles générations. Comme de nombreux sages africains, il considérait que l’avenir se construit en puisant dans les racines du passé. À ce titre, il nourrissait un projet symbolique : parvenir à faire poser une plaque commémorative à l’emplacement de l’ancien parc municipal des sports à Dakar.
Mettre en lumière le parcours d’Henri Pierre Espérance DIOP est crucial pour préserver d’abord notre patrimoine sportif. Ce devoir de mémoire est aujourd’hui de moins en moins valorisé dans une société qui est pourtant en recherche de repères. Un tel cheminement est vertueux et démontre comment la détermination et le travail acharné peuvent conduire à de grandes réussites.
Son palmarès
Football
▪ Détentrice définitive de la coupe Kronenbourg (1955-1956), (1956-1957), (1957-1958)
▪ Deuxième du championnat interdistricts (1958-1959)
▪ Vainqueur de la coupe de Football du point d’appui DAKAR (1956-1957)
▪ Premier du championnat 1ere division 1 (1956-1957)
▪ Vainqueur de la coupe du Sénégal en 1962 (Forces armées : 7° RTS)
Athlétisme
▪ Vainqueur AOF du 400 m en 53 secondes (1958)
▪ Vainqueur AOF au relais du 4×400 – record militaire égalé (1958)
▪ Vainqueur AOF du 400 m (1959)
▪ Deuxième au championnat du meilleur athlète (1959)
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