Joueur du FC Lorient prêté à l’US Quevilly pour cette saison, Sambou Soumano s’éclate avec les Diables Rouges en Ligue 2 Française. A 23 ans, l’attaquant sénégalais, auteur de 12 buts dont 9 en championnat, passe en revue sa progression depuis son arrivée au Petit-Quevilly dans cet entretien accordé à Wiwsport. Le natif de Tamba, qui rêve un jour de porter les couleurs de son pays est notamment revenu sans détour sur le début de sa jeune carrière et ses grandes ambitions.
L’Entretien
Pourriez-vous revenir sur votre parcours jusqu’à présent ?
Je suis né à Dakar, j’ai grandi à Tambacounda, où j’ai passé la majeure partie de mon enfance. Je suis fier d’être un Tambacoundois. J’ai commencé à tâter le ballon dès mon plus jeune âge à Tamba. Disons que j’avais entre 6 et 7 ans. C’était mon rêve d’enfant de devenir footballeur, d’autant plus que je vivais dans un environnement très propice à la pratique du football. Nous vivions justes en face du terrain Don Bosco, ce qui était un énorme atout pour moi. J’étais toujours au stade et je peux dire que c’est là que j’ai vraiment commencé à m’intéresser au football. Au début, j’ai passé du temps dans un centre de football appelé Joe Stars.
Ensuite, comme d’autres footballeurs sénégalais, j’ai joué un peu de Navétanes à Tamba, après j’ai déménagé dans la capitale du Sénégal, où j’ai été repéré par le Pau FC dans une école de football, nommée Use Elite. Après un an et demi au Pau FC, j’ai rejoint Chateaubriand, une équipe de national 2 puis Lorient, où j’ai signé mon premier contrat professionnel. J’ai débuté avec l’équipe réserve de Lorient, mais au bout d’un mois environ, j’ai été appelé en équipe première. Je suis resté en équipe première pendant la saison au cours de laquelle j’ai marqué des buts. La saison suivante, j’ai été prêté en Belgique, puis à Rodez et désormais je suis à Rouen. Et jusqu’à présent, tout va très bien.
Qu’y a-t-il de si spécial chez les joueurs prêtés plusieurs fois ?
Je pense qu’il y a à la fois des bons et des mauvais points. Un prêt est la meilleure option pour retrouver du temps de jeu. Cependant, il est également important de considérer les aspects complexes qui surviennent en raison de changement d’environnement, de coéquipiers, d’entraîneurs et même du pays. Dans ce cas, on est obligé de recommencer depuis le début. Cette situation n’est pas évidente. Contrairement au fait de passer deux ans ou plus avec les mêmes coéquipiers, il existe un sentiment de cohésion et d’automatisme. Mais dans tous les cas, il est important pour un joueur d’avoir du temps de jeu. Rester en Ligue 1, c’est bien, mais être en Ligue 2 et de pouvoir jouer tous les week-ends, c’est encore mieux. Personnellement, je préfère de loin cette situation. C’est pour ça que j’ai accepté le prêt pour pouvoir mieux me préparer.
Comment avez-vous vécu vos débuts à Rouen ?
Pour être honnête, c’était très compliqué au début. Nous avons joué environ sept ou huit matchs sans connaître de succès. Bref, ce fut une période compliquée. D’autant plus que nous avons perdu des matchs que nous aurions dû gagner. Mais nous n’avons pas abandonné. Je n’ai pas baissé les bras. Je savais que nous pouvions redémarrer la machine. Je pense que nous sommes sur la bonne voie maintenant, espérons que nous pourrons continuer sur cette lancée.
Comme vous l’avez dit, vous étiez sur une série de huit matchs sans victoire en début de saison. Vous n’avez pas trouvé le chemin des filets, non plus, durant ses huit matchs. Quel a été le facteur décisif qui a mis fin à cette série noire ?
(Soupir) Maintenant que j’y pense, c’est mental. Le système de jeu a également changé. Au début, nous n’avions pas le même système. C’est récemment qu’avons commencé à jouer à deux devant. C’était peut-être le tournant. Cependant, il convient de noter qu’il a beaucoup de joueurs qui ont quitté l’équipe en fin de saison, et nous parlons de 14 nouveaux joueurs qui ont renforcé cette formation de Rouen. Il a donc fallu du temps pour constituer l’équipe afin que nous, les joueurs, puissions apprendre à nous connaître.
Au cours de la première année de votre prêt, vous avez réussi à gagner une place de titulaire ce qui n’est pas évident. Selon vous, qu’est-ce qui explique cela ?
Je me sens bien par rapport au système de jeu. En plus l’entraîneur me fait confiance, ce qui est très important pour un footballeur. On peut dire tout ce qu’on veut, mais une fois que tu as gagné la confiance de ton entraîneur et de tes coéquipiers, tu es dans une bonne position. La confiance est importante que les joueurs puissent s’exprimer sur le terrain. C’est mon cas et c’est pour cela que je me sens à l’aise ici et cela rend mon travail beaucoup plus facile. Le reste viendra naturellement.
Vous n’êtes pas le seul Sénégalais dans l’équipe de Rouen. Il y a pape Ousmane Sakho et Pape Ndiaga Yade. Comment vivez-vous cela et quel type de relation entretenez-vous ?
En effet, nous sommes trois sénégalais. Je les ai trouvés ici. Nous nous entendons très bien. Je dirais que nous sommes quasiment tous ensemble après les entraînements. Et ça se passe bien en dehors et sur le terrain. Je suis très heureux de rencontrer d’autres Sénégalais. Nous ne nous sentons pas seuls. Nous essayons de passer plus de temps ensemble.
Que pensez-vous de la concurrence au sein du club, notamment avec vos compatriotes sénégalais qui peuvent évoluer au même poste ?
La concurrence existe partout. C’est le football. Nous ne pouvons pas y échapper, elle est dans notre quotidien. Donc nous devons essayer de vivre. Il faut se donner les moyens d’atteindre le sommet. C’est le secret. Sinon, vous ne pourrez pas échapper à la concurrence. Devrais-je avoir peur de la concurrence ? Bah non, comme je l’ai déjà dit, la confiance que nous accorde notre entraîneur et nos coéquipiers est importante. Cela nous rend meilleur sur le terrain. Mais je n’ai pas peur de la concurrence de toute façon. Je ne suis pas un peureux (rires…)
Quels sont les objectifs de Soumano cette saison avec Rouen ?
Pour moi c’est très simple. Je veux marquer plus de buts en championnat et de pouvoir maintenir l’équipe en Ligue 2. C’est mon plus grand objectif cette saison. Terminer meilleur buteur de la Ligue 2 ? Ce serait super. Je suis sur la bonne voie, j’essaie de marquer le plus de buts possible, Inch’Allah.
Vous souhaitez rester à la fin de la saison ou partir et tenter de se faire une place à Lorient ?
Écoutez, j’ai un contrat avec Lorient jusqu’en 2026. Je prévois de partir lorsque mon prêt sera terminé. Il me reste encore deux saisons avec Lorient. J’aimerais regagner ma place dans l’équipe première de Lorient. Pour cela, il faut d’abord que je confirme avec Rouen et je pense être sur une bonne voie.
Où vous voyez-vous dans 5 ans ?
Naturellement, je me vois dans un gros club dans cinq ans. Je veux jouer dans de grands clubs. Et je crois toujours que seul le travail peut m’y amener. Nous allons continuer notre chemin tranquillement tout en essayant de bien travailler pour atteindre un jour le sommet.
En tant que jeune attaquant, quels sont les joueurs de vos rêves qui vous inspirent vraiment ?
Je suis inspiré par Karim Benzema et par la puissance de Lukaku. Donc je peux dire que j’ai deux joueurs de rêve : Karim Benzema et Lukaku.
Vous arrive-t-il de penser à la sélection du Sénégal ?
En tant que footballeur sénégalais, il est évident de penser à défendre un jour les couleurs de sa patrie. Malheureusement, je n’ai pas pour le moment cette opportunité même avec les petites catégories. Même si je ne me concentre pas trop sur cela, je sais juste que le moment viendra. Tout ce qui est censé arriver arrivera. Comme je l’ai dit, seul le travail peut m’y amener. Mais pour l’instant, je reste concentré sur mon élément.
Pensez-vous que le Sénégal a les moyens de réaliser le doublé lors de la prochaine CAN ?
Nous avons les joueurs, l’effectif et les ressources pour nous amener jusqu’à la ligne d’arrivée. Pour être honnête, il est clair que la concurrence sera très rude. Cependant, compte tenu de la taille de la CAN, cela est normal. Nous sommes en Afrique et ce n’est à aucun moment une compétition facile car chaque équipe joue son va-tout dans cette compétition. Ce ne sera pas facile ni pour le Sénégal ni pour les autres équipes. Cependant, nous avons confiance en notre équipe, qui compte d’excellents joueurs.
wiwsport.com propos recueillis par Anta Bijou Ndiaye