L’Africa Eco Race s’apprête à vivre sa 6e édition. Dans quelles circonstances a-t-elle vu le jour ?
En 2009, les pays africains traversés par le Dakar étaient particulièrement déçus de le voir partir en Amérique du Sud. Les autorités mauritaniennes ont alors sollicité Hubert Auriol et Jean-Louis Schlesser (deux des lauréats les plus emblématiques du Dakar avec Metge, NDLR) pour continuer à organiser un rallye de prestige sur cet itinéraire. Le Maroc y tenait également beaucoup.
À titre personnel, à quel moment avez-vous adhéré à cette nouvelle aventure ?
Véritablement à partir de la deuxième édition, en assumant les responsabilités qui sont aujourd’hui les miennes. Je suis le directeur sportif du rallye, en charge de définir son parcours et d’assurer les relations avec les administrations des pays traversés : le Maroc, la Mauritanie et, bien entendu, le Sénégal en fin de rallye.
"La sécurité ? Tout est sous contrôle"
On a en mémoire ce Dakar 2008 annulé au dernier instant face aux menaces terroristes. Cela avait décidé ses organisateurs à quitter l’Afrique. Êtes-vous confronté aux mêmes dangers ?
Non. S’il est évidemment exclu de s’aventurer au Mali, la situation en Mauritanie a évolué de façon favorable. Le nouveau pouvoir en place est très actif pour sécuriser ses frontières. À tel point qu’il nous encourage même à faire passer le rallye là où bon nous semble ! Pendant la course, sa gendarmerie se charge de la sécurité de nos points de ravitaillement en carburant et de nos bivouacs. Tout est sous contrôle.
Le Dakar était peut-être aussi une cible plus en vue…
Evidemment, l’impact médiatique de notre rallye n’est pas du même niveau. Il implique beaucoup moins de monde et de logistique. Le Dakar, c’était 2 000 personnes, des télés du monde entier… De notre côté, avec la centaine de concurrents au départ, nous ne serons pas plus de 400. Nous n’avons pas les mêmes ambitions. Selon l’esprit des premiers Dakar, nous organisons une épreuve où la convivialité et l’entraide ont encore leur place. C’est presque familial ! Et puis, chez nous, la notion d’aventure est encore de mise.
"Le parfum d'aventure, c'est en Afrique"
Est-ce à dire qu’elle n’est plus d’actualité sur le Dakar ?
Ces dernières années, cela ressemblait plus à un rallye WRC qu’à un rallye-raid. Quand vous roulez en sachant qu’il y a en permanence une route goudronnée à proximité, c’est un peu différent que d’être lâché au milieu de dunes, avec 300 km de désert autour de vous ! Le parfum d’aventure, c’est en Afrique que l’on vient le chercher.
Comment les populations accueillent-elles le rallye ?
Toujours aussi bien. Dans tous les villages traversés, on nous encourage à revenir d’une année sur l’autre. Même dans les endroits les plus isolés, les gens sont parfaitement informés des moindres détails du rallye. Ils nous attendent.
Et vous, l’ancien triple vainqueur du Dakar, qu’attendez-vous de ces énièmes périples africains ?
Ma carrière de pilote est derrière moi. Aujourd’hui, ma satisfaction est de mettre ma grande expérience des rallyes africains au service des concurrents de ce rallye, de les rendre heureux. Tous rêvent de rejoindre Dakar et savent que je ne les abandonnerai pas en route !
En attendant d’entrer réellement dans le vif du sujet, à partir de mardi, les concurrents autos, motos, quads et camions de l’Africa Eco Race seront réunis ce dimanche à Saint-Cyprien pour les opérations de vérifications techniques et administratives (de 7 h à 18 h), puis le départ officiel (à partir de 18 h 30) en direction du sud de l’Espagne et du ferry qui les mènera à Nador (Maroc).
Une fois débarqués sur le sol africain, ce sont quelque 11 étapes et 5 580 km, dont près de 3 000 de “spéciales”, qui les attendront au travers du Maroc, de la Mauritanie et du Sénégal, pour une traditionnelle arrivée sur les rives du Lac Rose le samedi 11 janvier.
Côté régionaux, l’Audois Poizat figure parmi les engagés en motos, de même que les Héraultais Pinchedez-Picco, Vidal-Vidal et les Pyrénéens Gourdy-Gourdy et Jorda-Lormand en quad et autos.
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