Le stade Lat Dior de Thiès, autrefois un haut lieu du football sénégalais, est aujourd’hui dans un état de dégradation avancée. Sa pelouse, censée offrir un terrain de qualité aux joueurs, est en piteux état, suscitant de vives critiques de la part des entraîneurs, des joueurs et des supporters. Entre manque d’entretien, travaux inachevés et surutilisation, ce stade, qui a accueilli les Lions avant l’ouverture du stade Abdoulaye Wade en 2022, semble sombrer dans l’abandon.
Je pense qu’il est nécessaire de refaire la pelouse
Lors du match amical entre l’équipe nationale U20 du Sénégal et celle du Congo, dans le cadre des préparations pour la CAN de cette catégorie en Côte d’Ivoire, l’état catastrophique de la pelouse a été au cœur des discussions. Serigne Saliou Dia, sélectionneur des Lionceaux, n’a pas caché son mécontentement : « Je me suis plaint en première mi-temps avec les joueurs. Les petits m’ont dit que le ballon rebondissait mal, ce qui a empêché de produire un jeu de qualité. Je pense qu’il est nécessaire de refaire la pelouse. » Même constat du côté du coach congolais Goy Bukasa, qui déplore les conditions difficiles : « Ce n’est pas un terrain de jeu de qualité. On a dû adapter notre style, mais ce n’est pas normal. Dans ces conditions, il y a un risque accru de blessures. Les joueurs ont été contraints de sauter les lignes, rendant le jeu plus direct et moins fluide », a déclaré au micro de wiwsport.
il y a un risque accru de blessures.
Le stade Lat Dior a longtemps été le seul homologué du Sénégal pour les compétitions internationales, accueillant les Lions A en l’absence d’infrastructures adéquates et la fermeture du stade Léopold Sédar Senghor. Mais depuis l’ouverture du stade Abdoulaye Wade en février 2022, il est relégué aux équipes de jeunes, féminines et aux compétitions locales. Au lieu de servir de vivier pour la formation et la compétition nationale, il est aujourd’hui laissé à l’abandon. Fait alarmant, son entretien repose uniquement sur deux personnes, une situation qui perdure depuis des années. Un constat amer pour Papa Boubacar Gadiaga, entraîneur de Génération Foot.
il y a des trous, du sable, des parties sèches et d’autres complètement abîmées.
« C’est une grande amertume. Je pense que le football est un spectacle, et ce spectacle se joue sur un bon terrain. Nous essayons tant bien que mal de produire du jeu, mais nous sommes fortement limités par l’état de la pelouse. Par moments, elle est boueuse et il y a beaucoup de terre qui remonte sur l’aire de jeu. Nous nous entraînons sur une très bonne pelouse, mais devons ensuite jouer sur un terrain de qualité très médiocre, pour ne pas dire mauvaise. Malheureusement, dans ces conditions, on ne voit pas du beau football au Sénégal. C’est dommage que nous ne puissions pas jouer à Génération Foot. Je n’ai jamais vu une pelouse aussi bonne que celle de Génération Foot (…). Comment peut-on produire du jeu dans de telles conditions ? C’est impossible. Et le stade Lat Dior est encore pire. Il accueille trop de matchs, il est mal entretenu, et la qualité du terrain s’en ressent : il y a des trous, du sable, des parties sèches et d’autres complètement abîmées. »
L’état du stade a d’ailleurs conduit à la perte de son homologation, obligeant des clubs comme le Jaraaf à disputer leurs matchs de poules de Ligue des champions au stade Abdoulaye Wade. Une situation qui inquiète les supporters, à l’image d’Abdoulaye Diop : « À ce rythme, on perdra le droit de recevoir tous les matchs ici. Il faut que les autorités prennent des mesures avant que tout l’argent investi dans ce stade ne soit définitivement gaspillé », regrette-t-il. Si rien n’est fait, c’est l’ensemble des infrastructures sportives du pays qui risque d’en pâtir. Les autorités doivent impérativement se pencher sur ce dossier avant qu’il ne soit trop tard. Le football sénégalais, en plein essor, mérite des installations à la hauteur de ses ambitions.
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