Le successeur de Thomas Bach sera connu ce jeudi, à l’issue de l’élection du nouveau président du Comité International Olympique, en Grèce. Un nouveau patron de l’olympisme mondial qui sera désigné à travers un processus mythique et pour un premier mandat de 8 ans soit jusqu’en 2033.
Le Comité international olympique (CIO) se met en mode Vatican ce jeudi, afin d’élire son nouveau président. L’instance de Lausanne, la plus grande du monde sportif, n’avait plus changé de patron depuis douze ans, quand Thomas Bach avait succédé en 2013 au Belge Jacques Rogge, avant d’être reconduit sans opposition en 2021, à la quasi-unanimité.
Si le Bavarois de 71 ans passera officiellement la main le 23 juin, la centaine de membres du CIO élira son remplaçant dès jeudi, à bulletins secrets, dans le complexe balnéaire grec de Costa Navarino, au bord de la mer Ionienne. Et l’élection s’annonce aussi historique qu’indécise pour déterminer qui sera le 10e président de l’histoire du CIO : avec le Français David Lappartient et ses six adversaires, dont l’Espagnol Juan Antonio Samaranch Junior, la Zimbabwéenne Kirsty Coventry et le Britannique Sebastian Coe, jamais le CIO n’avait vu autant de candidats s’affronter en 130 ans d’existence.
Dans une campagne sans sondages, où tout débat et soutien public sont interdits par la commission d’éthique, désigner un favori est d’autant plus périlleux qu’aucun prétendant ne « connecte autant d’éléments de légitimité » que Thomas Bach en 2013, observe Emmanuel Bayle, professeur en gestion du sport à l’Université de Lausanne dans des propos rapportés par Le Figaro. Pour ceux qui ont vu récemment au cinéma le film Conclave avec Ralph Fiennes, l’ambiance devrait ressembler, sur certains aspects, à la désignation d’un nouveau Pape, avec un mode de scrutin relativement semblable à quelques détails près.
Depuis 1925, les candidats s’affrontent par tours successifs jusqu’à ce que l’un d’entre eux obtienne une majorité absolue auprès des membres du CIO, réunis à huis clos et qui doivent désormais laisser leurs appareils électroniques à l’entrée. Tant que ce n’est pas le cas, chaque tour élimine le candidat le moins bien classé, quitte à organiser un vote intermédiaire en cas d’égalité : Thomas Bach annoncera à la fin de chaque tour le nom du partant, sans pour autant donner les scores de ses rivaux, qui seront seulement connus une fois le vainqueur proclamé.
D’un tour à… six tours maximum
Avec sept candidats, le scrutin de jeudi peut donc aller jusqu’au sixième tour et si les finalistes obtiennent par deux fois le même nombre de suffrages, Thomas Bach pourra se mêler au vote pour les départager. En pratique, l’élection au CIO n’a jamais dépassé le deuxième tour, même lorsque Thomas Bach a été élu en 2013 face à cinq rivaux, avant d’être reconduit à la quasi-unanimité (93 oui, un non) en mars 2021. Mais personne ne se hasarde cette année à désigner un seul favori parmi le quatuor Samaranch Jr.-Coventry-Coe-Lappartient, les trois autres candidats (le prince jordanien Feisal Al-Hussein, le Britannico-suédois Johan Eliasch et le Japonais Morinari Watanabe) partants a priori de beaucoup trop loin pour rêver d’un triomphe.
S’il y a actuellement 109 membres actifs du CIO, il faut retirer du vote le président de l’organisation – sauf en cas de départage final – et, surtout, tous les membres issus du même pays qu’un des candidats tant que celui-ci n’est pas éliminé. Côté français, Guy Drut, Martin Fourcade et le président de la fédération internationale d’aviron Jean-Christophe Rolland devront donc s’abstenir tant que David Lappartient sera encore en lice. Un constat valable également pour l’Espagnole Marisol Casado, le Britannique Sir Hugh Robertson ou le Japonais Yasuhiro Yamashita, ce qui signifie que le premier tour devrait impliquer moins de 100 membres, un nombre qui augmentera au fil des éliminations avant un résultat qui sera annoncé par Thomas Bach, probablement entre 16h et 17h en heure française.
Incertitude maximale
En mêlant athlètes, patrons de comités nationaux olympiques et de fédérations internationales, représentants de l’industrie sportive et dirigeants politiques, aux cultures et intérêts personnels distincts, le CIO est un club si hétéroclite qu’il n’est pas évident d’en dégager des logiques de vote. Les règles drastiques de confidentialité de la campagne interdisent par ailleurs tout soutien explicite d’un membre du CIO, et les candidats savent aussi combien les signaux de sympathie qu’ils reçoivent sont à prendre avec des pincettes. Enfin, le passage d’un tour à l’autre sans discussions possibles, et sans connaître les scores ni même l’ordre des candidats encore en lice, rend les reports aussi cruciaux qu’imprévisibles.
Un premier mandat de huit ans
Le vainqueur du scrutin de jeudi entrera en fonction le 24 juin prochain, pour un premier mandat courant jusqu’en juin 2033, avant une éventuelle réélection pour quatre ans : dans l’histoire du CIO, chaque président qui s’est représenté a été reconduit sans opposition. Mais il faudra pour cela respecter la limite d’âge de 70 ans, qui peut être prolongée de quatre ans : parmi les sept candidats, seul Sebastian Coe ne serait pas en mesure d’achever un premier mandat, puisqu’il aura 74 ans en 2030. Selon les règles actuelles, un seul mandat serait possible pour l’Espagnol Juan Antonio Samaranch Junior et le Japonais Morinari Watanabe, 65 ans chacun, et pour le Britanno-Suédois Johan Eliasch, 62 ans.
wiwsport.com avec Le Figaro