Le 3 août 2001, dans le Stade du Commonwealth à Edmonton, une athlète sénégalaise entrait dans l’histoire. En 49 secondes et 86 centièmes, Amy Mbacké Thiam devenait championne du monde du 400 mètres, offrant au Sénégal son premier sacre mondial en athlétisme. Son exploit n’était pas seulement une victoire individuelle, mais une source d’inspiration pour des générations entières.
Vingt ans plus tard, son nom résonne toujours comme un symbole de détermination et de dépassement de soi. Modèle pour les jeunes athlètes, elle est régulièrement citée en exemple, preuve que son héritage va bien au-delà de son tour d’honneur triomphal à Edmonton. Après une carrière marquée par des hauts et des bas, elle a su tracer une nouvelle voie, entre engagement et transmission.
Retour sur le parcours exceptionnel d’une femme qui a inscrit son nom en lettres d’or dans l’histoire du sport sénégalais.
Des débuts prometteurs et une révélation précoce
Née le 10 novembre 1976 à Kaolack, Amy Mbacké Thiam ne se destinait pas immédiatement à l’athlétisme. C’est son professeur d’éducation physique du Collège Valdiodio Ndiaye qui, repérant son potentiel lors d’une course avec des garçons, lui souffle pour la première fois qu’elle pourrait devenir championne du monde. Encouragée par cette prédiction, elle se lance sérieusement dans l’athlétisme dès l’âge de 15 ans.
Sa première grande expérience internationale arrive en 1997 aux Jeux de la Francophonie à Madagascar, où elle termine à la 4ᵉ place, un résultat qui la laisse insatisfaite. Mais cette compétition ne sera qu’un tremplin pour la suite de sa carrière.
L’année de la consécration mondiale (2001)
Amy Mbacké Thiam considère les Jeux de la Francophonie comme sa compétition fétiche, et pour cause : en 2001, elle remporte l’or à Ottawa-Hull, quinze jours avant d’écrire l’une des plus belles pages de l’athlétisme africain.
Lors des Championnats du monde d’Edmonton (Canada), elle réalise l’exploit en décrochant le titre mondial sur 400 m avec un chrono de 49s86. Une performance d’autant plus impressionnante qu’elle bat pour la première fois ses principales rivales, la Jamaïcaine Lorraine Fenton et la Mexicaine Ana Guevara, pourtant favorites et suivies de près par les médias de leurs pays respectifs.
« Ce jour-là, je peux dire que toutes les planètes étaient alignées. J’étais en grande forme durant toute l’année. L’ambition était d’aller en finale. Sur le plan mental, j’étais au top et toutes les conditions étaient réunies », confiera-t-elle plus tard à la télévision nationale.
Son sacre mondial, une première pour une athlète africaine sur cette distance, la propulse immédiatement au rang d’icône au Sénégal et dans tout le continent.
Entre hauts et bas : une carrière marquée par la résilience
Après son titre mondial, Amy Mbacké Thiam enchaîne les compétitions, mais la médaille olympique lui échappe. Lors des Jeux de Sydney en 2000, elle s’arrête en demi-finale. Quatre ans plus tard, aux Mondiaux d’Athènes en 2004, elle souffre d’amygdalite et ne parvient pas à défendre son titre.
En 2006, elle renoue avec la victoire en décrochant son premier titre continental aux Championnats d’Afrique à l’Île Maurice. Elle enrichit ensuite son palmarès avec plusieurs médailles aux Jeux Africains et aux Championnats d’Afrique, démontrant une longévité remarquable.
En 2008, alors qu’elle espérait participer aux Jeux olympiques de Pékin, elle est suspendue par la Fédération sénégalaise d’athlétisme (FSA), un épisode marquant de sa carrière. Malgré cet obstacle, elle continue de performer et dispute ses derniers Championnats du monde à Moscou en 2013, atteignant les demi-finales à 37 ans avec un temps de 52s37.
Un palmarès impressionnant
Amy Mbacké Thiam laisse derrière elle un héritage exceptionnel avec 15 médailles internationales, dont :
- 1 titre mondial (2001)
- 1 médaille aux Jeux de la Francophonie (or, 2001)
- 4 médailles aux Jeux Africains (3 argent, 1 bronze)
- 8 médailles aux Championnats d’Afrique (1 or en individuel, 7 autres en relais et en individuel)
Elle boucle son incroyable parcours en 2016, mettant un terme à une carrière qui aura inspiré toute une génération d’athlètes.
Une reconversion engagée dans la politique
Fidèle à son esprit combatif, Amy Mbacké Thiam ne se retire pas totalement de la scène publique après l’athlétisme. Dès 2008, elle rejoint l’Alliance pour la République (APR), le parti du président Macky Sall. En 2022, elle se présente aux élections locales et, bien que battue, réussit à faire élire six conseillers. « Je me suis engagée en politique pour être à la place des décideurs en tant que femme et sportive », affirme-t-elle. Son objectif est clair : défendre les intérêts des athlètes sénégalais et encourager un meilleur accompagnement des sportifs de haut niveau. Avec le régime précédent, elle occupe un poste de chargée de mission à la présidence, poursuivant ainsi son engagement pour le développement du sport au Sénégal.
Un modèle de détermination et de dépassement de soi
Amy Mbacké Thiam restera à jamais une référence pour les athlètes africains, prouvant que le talent, associé au travail et à la persévérance, peut mener au sommet du monde. Son parcours est une leçon de vie, un témoignage de résilience et une source d’inspiration pour les jeunes générations. « Le sport est le terrain par excellence de concrétisation de tous les possibles. Je dis toujours aux jeunes de ne se fixer aucune limite : tout est possible dans la vie si on se donne les moyens » déclarait-elle au quotidien sportif Stades.
De Kaolack aux plus grands stades du monde, son histoire montre qu’avec du courage et de l’abnégation, les rêves peuvent devenir réalité.
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