La famille du judo sénégalais a récemment reçu des matériels de qualité qui permettrait à la Fédération Sénégalaise de Judo et Disciplines Associées d’organiser des événements et compétitions de haut niveau. Mais, une telle joie ne peut être conséquente au moment cette discipline qui a valu au Sénégal plusieurs gloires ne dispose plus de dojo national. Actualité, démolition de l’ancien dojo national et projet de la fédération, Ababacar Ngom le patron du judo sénégalais s’est confié à Wiwsport. Monsieur Ngom n’a pas manqué d’évoquer la participation de son poulain, Mbagnick Ndiaye aux J.O de paris 2024.
À quand le nouveau dojo national pour la fédération ?
Nous avons demandé au ministère des sports de nous rendre le dojo. Parce que jusqu’à présent, nous sommes convaincus que le départ du judo du dojo national et du siège de la fédération qui était dans ce lieu symbolique depuis les années 70, a freiné le développement de notre art. Nous trouvons cette décision très abusive pour le bon développement du judo.
Nous avons alerté les autorités pour reprendre nos droits. Nous sommes convaincus que les conditions d’attribution au promoteur immobilier ne répondent à aucune règle. De fait, on nous dit que le site appartient à l’État. Ce qui est relatif parce que c’était un ancien hangar de la poste qui servait à regrouper des colis postaux. Le judo qui faisait des résultats, cherchait juste un endroit pour se poser.
Qu’est ce qui s’est passé avec le régime précédent ?
Le régime d’alors avait dit à nos dirigeants de trouver un endroit. Ce qu’ils ont fait en trouvant ce site qui était dans des conditions que personne ne voulait, avec des rats m’ont-ils raconté. Il a fallu avoir 4 citernes de sapeurs-pompiers pour nettoyer. C’était laborieux pour le remettre en bon état. Dans le code moral du judo, il y a l’honneur et le respect de la parole donnée. Et c’est malheureusement ce qui n’a pas été fait par le régime précédent. De droit, ce site n’appartient pas au Judo. Mais de fait, on peut dire le contraire parce qu’on y a vécu pendant 50 ans.
À vous entendre, il est inacceptable de ne pas disposer d’un dojo ?
Chaque pays au monde a un dojo national dans la capitale. Cela permet à chaque membre de la famille de judo dès qu’il voyage quelque part de pouvoir s’y entrainer, partager de l’expertise. Et en même temps, c’est le siège de la fédération. Ce n’est pas seulement un dojo. Les passages de grades, les assemblées générales, les journées de grade se font dans ce lieu. Le mini judo …
Vous savez, il y a 300 jeunes en catégorie minimes qui s’entrainent les mercredi et jeudi, deux séances par tranches d’âge. Leurs parents qui sont des hauts cadres connaissent l’importance de ce sport dans l’éducation de leurs enfants. C’est la seule discipline que l’UNESCO préconise dans l’éducation scolaire. Et tout ce beau monde du jour au lendemain se retrouve dans la rue.
Une situation qui contraste avec cet appui matériel de Fédération International ?
En terme de résultats et de management, nous sommes éligibles pour cette coopérative. C’est pourquoi la FIJ (Fédération Internationale de Judo) nous a octroyé ce matériel. Maintenant, le débat était oui, nous vous reconnaissons, mais votre pays ne vous reconnait pas en détruisant votre seul dojo national. C’est à contrario de vos résultats, 35 médailles d’or en 2023 dans des opens où on compte 35 à 40 pays, environ 300 athlètes participants. C’était difficile de débattre dessus avec des arguments, vue la situation que le judo vit au Sénégal. Heureusement que nous sommes restés constants avec nos performances. Avec ce matériel, nous allons pouvoir organiser de grands prix, de grands slams, des championnats du monde. C’est le même équipement de qualité qui est utilisé partout ailleurs.
Quelles sont les actions concrètes élaborées pour la remise en route du dojo national ?
Nous avons saisi notre cabinet, le département judiciaire pour attaquer cette décision de démolition du dojo national Amara Dabo. Nous allons saisir le procureur de la République avec l’appui du ministère des sports. Parce qu’on ne peut pas du jour au lendemain raser une infrastructure sportive. On a investi plus de 100 millions dans ces lieux pour la construction des locaux et notre administration. Nous avons les photos d’avant et après. Vous savez, au moment de l’expulsion, ils sont venus d’abord pour couper l’eau, puis l’électricité et c’est après que nous avons vu les bulldozers arriver. Vous savez, même ce matériel qu’on vient de présenter, on l’avait déjà réceptionné à l’époque, puis on a dû le distribuer dans des maisons d’amis pour le garder.
Seriez-vous prêts à repartir sur de nouvelles bases par rapport à un antre du judo ?
On a un projet sur 3ha pour construire un centre de formation avec toutes les commodités pouvant accueillir tous les arts martiaux à l’instar des grands centres qu’on retrouve dans le nord de l’Afrique et dans le monde. Dakar est plus accessible au niveau des voyages. Ce projet est déjà accepté par la Fédération Internationale Judo qui est d’avis pour faire de notre capitale le hub du judo africain. Donc, en dehors du dojo national qui fait 700m2 qui est tout à fait logique, nous avons une vision plus grande derrière.
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