À deux mois et demi de la compétition continentale de football, des problèmes de billetterie ont ravivé les inquiétudes des supporteurs.
La Côte d’Ivoire pensait en avoir terminé avec les polémiques sur le football. Mais à deux mois et demi du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations, qui doit se tenir dans le pays du 13 janvier au 11 février 2024, des problèmes de billetterie ont ravivé les inquiétudes des supporteurs, certains se plaignant de ne pas avoir réussi à assister aux derniers matchs amicaux des Eléphants, face au Maroc (1-1) et à l’Afrique du Sud (1-1) au stade Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan, faute de ticket.
Afin d’écouler les 22 000 places disponibles pour chacune des rencontres, quatorze points de vente de billets, répartis dans la capitale économique et sa périphérie, avaient été mis en place par la Fédération ivoirienne de football (FIF). Mais, selon plusieurs supporteurs, seul celui situé dans les locaux de l’instance proposait encore des billets, la veille de chaque match. Et dans une seule catégorie de prix, ceux à 15 euros, alors que des places à 3 et 7,5 euros auraient dû être disponibles.
Enquête interne
Sur les réseaux sociaux, certains internautes sont allés plus loin, accusant des membres de l’instance d’avoir eux-mêmes acheté des quantités importantes de billets, notamment ceux à 3 et 7,5 euros, pour les revendre ensuite sur le marché parallèle et engranger de substantiels bénéfices. Des reproches balayés par la FIF lors d’une une conférence de presse le 15 octobre.
« Les billets grand public sont partis très vite et, comme la capacité du stade n’est pas énorme, la demande était plus forte que l’offre », estime Armand Gohourou, le directeur exécutif de la FIF, contacté par Le Monde. Il l’assure : « Les accusations selon lesquelles la fédération a favorisé le marché noir ne sont pas fondées. Idriss Diallo, le président de la FIF, avait décidé d’offrir à chaque salarié un billet. En ce qui concerne la vente physique, aucune personne ne pouvait acquérir plus de trois tickets. Celles qui en voulaient davantage devaient écrire à la fédération en mentionnant les identités et les contacts des bénéficiaires de billets. »
L’affaire a toutefois été jugée suffisamment sérieuse pour que la FIF décide de diligenter une enquête interne, menée par Kaé Oulaï, le directeur général du centre technique national. La police a également été saisie par l’instance. « Nous devons obtenir des réponses afin de savoir s’il y a des choses qui n’ont pas fonctionné. Il est possible que des personnes s’étant procurées des billets en respectant les règles les aient ensuite revendus plus cher. On ne peut pas tout contrôler », poursuit Armand Gohourou.
La pelouse du stade Alassane Ouattara
Faut-il craindre des problèmes similaires pendant la Coupe d’Afrique des nations ? « Le Comité d’organisation [Cocan], qui est en charge de la billetterie, a décidé au mois de mai dernier, en accord avec la Confédération africaine de football [CAF] qu’une partie des tickets, probablement dans une proportion d’environ 30 %, seront vendus en ligne. Avec ce système plus sécurisé, les risques de fraude sont réduits, mais pas inexistants », souligne Idriss Diallo, le président de la FIF. Des billets seront également disponibles aux guichets des stades abritant la compétition.
Le Cocan et la CAF doivent annoncer au mois de novembre, lors du lancement de la prévente, le nombre de billets maximum que chaque personne pourra acquérir. « Il y aura forcément des individus qui trouveront des failles pour se livrer au marché noir, que ce soit avec des billets numériques ou physiques », soupire un autre supporter ivoirien.
L’affaire des billets est intervenue un mois après la polémique sur l’état de la pelouse du stade Alassane Ouattara, une enceinte de 60 000 places érigée à Ebimpé, dans la banlieue d’Abidjan et inaugurée en grande pompe octobre 2020. Le 12 septembre, le match amical entre les Eléphants et le Mali avait été interrompu à la mi-temps, en raison des pluies diluviennes ayant rendu le terrain impraticable. Des travaux ont été entrepris depuis.