Les conférences de presse doivent être un exercice pénible pour les techniciens ! Ils se retrouvent dans plusieurs “moods’’ durant le face-à-face avec les journalistes. Certaines questions peuvent faire sourire, d’autres irritent et y’en a même qui restent sans réponses ! Mais cet échange avec la presse demeure un moment vital d’informer le public ou dira-t-on l’opinion public sur l’actualité de l’équipe nationale. Souvent critiqué ou félicité sur ses choix : Aliou Cissé s’est encore fait prendre.
Capitaine de la belle génération 2002, premier entraineur à remporter la CAN, Aliou Cissé est incontestablement une légende du football sénégalais. Pour avoir tenu les rênes de l’équipe 8 ans maintenant, il ne manque pas de vécu. D’ailleurs, les questions ayant trait à tout ce qu’il a construit avec les Lions, il répond avec beaucoup d’enthousiasme. « Tout seul, je ne peux pas gagner une coupe d’Afrique. La preuve pour ceux qui sont un peu vieux, j’ai empêché peut-être le Sénégal de la gagner en 2002 en ratant ce pénalty. Ce qu’il faut regarder c’est ce qui s’est passé entre le 13 février 2002 et le 6 février 2022. A partir de là, vous pouvez comprendre un petit peu mon parcours. C’est un parcours qui a été long, décidé, parce que je voulais faire partie de ces gens-là qui écriront l’histoire », disait-il en juillet passé. L’ambassadeur national de l’UNICEF était l’invité de la 2e édition de « Sous l’arbre à palabre ».
Des anecdotes sur sa vie de joueur professionnel, d’international sénégalais, de meilleur entraineur de l’Afrique en 2022, il n’en manque pas. Et pour être un sélectionneur qui accorde de moins en moins d’interviews, l’occasion se fait rare de parler de son vécu. Et en vrai, comme on aime le dire dans le milieu de l’information : « les trains qui arrivent à l’heure n’intéressent personne ». A la veille d’un match ou après une rencontre (victoire ou défaite), les choix tactiques sont discutés.
On se souvient tous de la fameuse réplique d’Aliou Cissé en conférence de presse sur les changements tardifs lors des matchs. « Samay changement mako mom… » pour dire en français que ses changements lui appartiennent. Dans une interview avec Wiwsport en avril 2022, il déclarait : « la mentalité des supporters fait qu’ils veulent voir leurs joueurs favoris rentrer à chaque fois sur le terrain. Cependant, je ne fais pas de changement pour faire plaisir à telle ou telle personne. Je ne vois pas la nécessité d’effectuer un changement quand cela n’en vaut pas la peine. D’ailleurs je ne suis pas obligé d’en faire ». Bien entendu !
A-t-on besoin d’être sur le banc pour changer de joueurs quand l’attaque n’arrive pas à marquer ? Quand les joueurs perdent les ballons facilement après de longues courses ? Un petit changement avec l’entrée de Lamine Camara à la 70’ récemment face à l’Algérie a montré qu’il faut souvent faire les bonnes choses très tôt. Pourtant, et cela très souvent, il n’hésite pas à apporter des changements quand il veut surtout conserver le score !
Pour au final dire, que les décisions lui reviennent. Mais il ne peut pas échapper aux jugements sur ses schémas. Un point sensible semble-t-il. Interrogé récemment sur sa tactique qui lui a valu tout de même un cleansheet face au Cameroun de Rigobert Song, le technicien a envoyé un message sec à ses détracteurs. « On est en train de faire une modulation dans notre 4-3-3 et ça ne date pas d’aujourd’hui. Il y a eu beaucoup de débats sur le positionnement de Krépin Diatta, mais, en réalité, il n’a pratiquement pas joué arrière droit, sauf si notre bloc était bas. Je ne veux pas rentrer dans certains détails. Cette conférence de presse est regardée par tous les adversaires. Il est difficile pour un entraîneur de rentrer à l’intérieur de ses tactiques en conférence de presse. Donc, je fuis un peu vos questions. Je sais que vous allez dire “khamoul gatt, khamoul dara mais garawoul’’ (rires). »
Si nos adversaires parlent wolof, le message est reçu.
wiwsport.com