Libéré après le 3 sur 3 des Lions du basket à Monastir, le Directeur technique national, Moustapha Gaye, a fait un tour de l’actualité du basket sénégalais. Dans cet entretien exclusif, il a évoqué les 4ème et 5ème fenêtres des éliminatoires de la Coupe du monde seniors mais aussi de la participation des Lionceaux à l’Afrobasket U18 à Madagascar et l’absence des Lioncelles chez les filles.
L’équipe nationale masculine a réussi un 3 sur 3 à Monastir. Vous attendez vous à ces résultats ?
Personne ne s’attendait, d’un point de vue mathématique, à voir des résultats aussi grandioses. C’est une très grosse performance. Nous étions venus pour gagner des matchs. On espérait deux sur trois, pour les plus optimistes, par rapport à ce qui s’est passé avant. Mais vraiment avec le coaching gagnant de Ngagne Desagana et son staff, la fédération, tout le monde, ils ont fait un excellent boulot.
Il fallait être à Monastir pour voir comment les gens ont communié. La fédération, le ministère, l’encadrement technique, les joueurs… Je pense que si on y va comme ça, «Manko», tous ensemble, on peut faire de grandes choses. Bravo aux joueurs , à leur tête le capitaine Gorgui Sy Dieng et Youssou Ndoye qui ont tenu à bras le corps cette équipe pleine de talents avec Lamine Sambe qui a joué son rôle aussi.
Parmi les talents on peut citer Branco Badio, Ibrahima Fall Faye, Mbaye Ndiaye, Jean-Jacques Boissy, Khalifa Diop, Pape Moustapha Diop, Bamba Diallo, Babacar Sané et Mamadou Faye, sans oublier ceux qui ont pris part aux premières fenêtres et aux différents stages de préparation. Cette équipe a un potentiel réel. Maintenant il faudrait juste qu’on continue à travailler avec beaucoup d’humilité. Mais je tire mon chapeau aux joueurs. Avec les Bamba Diallo, Khalifa Diop, nous avons un réservoir de talents qui peut nous valoir des satisfactions.
Mais le chef de projet, Desagana, mérite des félicitations appuyées. Il a un style de management qui a plu à tout le monde, joueurs, Direction technique, Fédération, s’il continue comme ça, il peut avoir des lendemains meilleurs.
Maintenant on est troisième de notre groupe. On va jouer une 5e fenêtre décisive à Dakar. Comment devrait-on aborder cette fenêtre ?
Avant d’aborder Dakar, je pense qu’il y a des gens dans l’ombre qui ont beaucoup travaillé et qui se sont beaucoup investis. Le manager Malèye Ndoye, qui a été époustouflant. Matar Ndiaye, le conseiller du président qui, à mes côtés, a abattu un travail extraordinaire, l’intendant Assane Badji pareil. Il y a aussi les deux assistants, Mamadou Gueye «Pabi» et coach Amadou que je découvre et que j’admire énormément. «Pabi» donc, toujours égal à lui-même. Mais Bouna aussi, le préparateur physique…
Tous ces gens qui ont travaillé dans l’ombre méritent vraiment des félicitations et des encouragements. Je pense que nous avons un groupe très soudé qui, en février, bien préparé et mis dans des conditions mentales, dans un meilleur environnement, peut réaliser de très bonnes choses. Mais il faut revenir sur terre et savoir qu’aucune compétition n’est pareille à l’autre. Il faudra qu’on se prépare et qu’on fasse tout pour avoir Desagana et Gorgui en février.
Je pense qu’on n’a pas le droit maintenant, avec une qualification en Coupe du monde aussi proche, de nous priver de Desagana et de Gorgui parce qu’ils sont à la NBA. On doit essayer autant que possible de les avoir. Je pense que des idées doivent émerger pour aller négocier avec leurs employeurs.
Parlons du dernier Afrobasket U18 masculin. Pouvez-vous nous faire un bilan de la participation du Sénégal ?
Je pense que l’Afrobasket U18 auquel nous avons assisté cette année à Antananarivo a été plein d’enseignements. Je tire mon chapeau à l’encadrement technique et à l’encadrement administratif. Donc coach Parfait et son staff qui ont fait un excellent boulot. En un mois presque, ils ont mis sur pied cette équipe qui a fait de très belles performances. Malheureusement on a raté le match qu’il ne fallait pas. Mais sur le plan du contenu, du management du groupe et de la détection de talents, je pense qu’on a eu beaucoup de satisfaction.
N’est-ce pas un échec par rapport aux résultats de l’équipe ces dernières années où on a joué des finales et où on s’est qualifiés en Coupe du monde ?
Mathématiquement on pourrait dire qu’on n’a pas atteint l’objectif qui était de faire mieux que l’année dernière. Mais je pense que l’enseignement principal est que pour qu’on ait des résultats dans la durée, il faut fondamentalement qu’on participe aux sélections des U16. Ce qui se passe, c’est que nos jeunes découvrent la compétition à 18 ans. Alors que nos voisins maliens ou angolais et les autres commencent à 16 ans. Ils vont participer à la Coupe d’Afrique U16.
S’ils ont la chance d’aller à la Coupe du monde U17 ils y vont et ils s’aguerrissent. Et on les rencontre en U18. Donc la recommandation faite à la fédération, c’est de tout faire pour que nos équipes nationales U16 puissent participer régulièrement aux compétitions africaines. Nous y travaillons tous ensemble, le président et la fédération. Nous allons ainsi tout faire pour faire une meilleure détection et participer aux compétitions de jeunes.
Pourquoi, la fédération a décidé cette année de ne pas engager les U18 filles ?
Oui mais c’est parce que, à la place, nous avions un programme tout aussi pareil, au niveau des U25 que j’ai piloté dénommé stage de détection des Lionnes. Je pense que pendant un mois ou 3 semaines, les filles ont beaucoup travaillé à Dakar. Donc, sur le plan financier, supporter un stage de cette envergure et participer aux deux Afrobasket était très coûteux. Et nous avons privilégié la détection des u15 qui a été un très bon moment avec des joueuses sénégalaises qui peuvent relever le défi africain dans les années à venir.
Donc, on peut dire que le Sénégal se prépare pour l’échéance de 2023 ?
Vous savez, nous sommes dans beaucoup de chantiers qui vont, dans les années à venir, valoir beaucoup de satisfaction au Sénégal. Malheureusement, les gens sont trop pressés. Je le disais en 2017 déjà, nous ne sommes plus les meilleurs en Afrique. À un moment donné on m’avait pris pour quelqu’un de négatif, mais c’est la réalité. Vous voyez ce qui se passe chez les garçons, chez les filles aussi c’est pareil. Il y a beaucoup de pays qui postulent au même rang que nous. Nous sommes arrivés à un moment où une génération est arrivée à terme et qui nous a valu beaucoup de satisfaction. Il faut donc anticiper pour préparer cette nouvelle génération qui va compétir en Afrique dans les années à venir. Nous avons des talents, mais il faut les dénicher et les faire travailler.