Me Augustin Senghor, candidat à la Présidence de la Confédération africaine de football (CAF) a présenté en détail son programme, ce samedi, en marge de l’Assemblée générale de l’Union des fédérations ouest-africaines / Zone A (UFOA – A). Dans un document d’une douzaine de pages, présenté dans les quatre langues officielles de la CAF (Français, Anglais, Arabe et Portugais), le président de la Fédération a séduit son public en faisant montre d’une grande maitrise de son sujet. Membre du Comité exécutif de la CAF et au sommet de la gouvernance du football sénégalais depuis une dizaine d’années, le candidat Senghor a fait une présentation sans complaisance de l’état des lieux du football africain et proposé des solutions qu’il entend mettre en œuvre s’il venait à être élu pour la succession du Malgache Ahmad Ahmad, au soir du 12 mars 2021, date de l’élection qui se tiendra à Rabat.
UN ÉTAT DES LIEUX SANS COMPLAISANCE
« Ces élections de renouvellement interviennent à un moment crucial de l’existence de la Confédération Africaine de Football qui traverse une période particulièrement difficile de son évolution. Peut-être la plus difficile depuis sa création en 1957 ? Certains pourraient être tentés de répondre positivement ou négativement selon la perception que l’on peut en avoir. Toujours est-il qu’en ce début de décade 2020, l’état des lieux présente un tableau à deux faces :
Une face positive avec des initiatives et des décisions de rupture qui ont apporté un changement qualitatif réel et appréciable dans la marche du football africain.
D’un autre côté, des problèmes structurels de gouvernance et de développement qui se traduisent aujourd’hui par une situation institutionnelle où les deux piliers du management de la CAF ( le Président et le Secrétaire général) ont dû quitter leurs fonctions (volontairement ou involontairement) en cours ou en fin de mandat de sorte qu’au moment d’aller vers ses assises électorales à venir, la CAF se retrouve dirigée par intérim tant au niveau administratif qu’exécutif.
Ces problèmes structurels de gouvernance trouvent leur écho au niveau interne dans les associations nationales africaines dont un nombre de plus en plus importants, et pas des moindres vivent les affres de la normalisation sous une forme interminable et répétitive (ou les 2 à la fois), l’exception tendant à devenir la norme.
Cela constitue la preuve, si besoin en était, de la situation de crise ( osons prononcer le mot) structurelle et institutionnelle dans laquelle
l’instance continentale se retrouve même si ses organes de décisions, l’Assemblée Générale et le Comité exécutif demeurent bien en place et surtout que des actions avaient été lancées à l’initiative du Président sortant à travers le programme « Transform CAF » pour changer la Confédération en deux ans (2020-2021).
Ce projet n’arrivera pas à son terme, malheureusement. Au regard de cette situation inédite et pleine d’incertitudes pour l’avenir du Football africain, j’ai décidé le 12 novembre 2020 de déposer officiellement ma candidature au poste de Président de la CAF, fort de ma grande expérience au service du Football, notamment mes 18 années en tant que Président de club, de mes 11 années d’expérience en tant que Président de la Fédération Sénégalaise de Football, 8 années comme Président de la Zone UFOA A, de membre de nombreuses commissions au sein de la FIFA et de la CAF depuis 2009 et enfin de membre du Comité exécutif et du Comité d’urgence de la CAF ces 2 dernières années.
Ce parcours édifie largement et objectivement sur ma connaissance en profondeur de l’environnement du football continental et mondial et de l’institution CAF avec ses atouts et faiblesses.
Sur le fondement des valeurs, principes et qualités de compétence, d’éthique, de rigueur dans la gestion mais aussi de leadership et d’ouverture d’esprit qui m’ont guidé pendant toute ma carrière de dirigeant sportif commencée dès l’âge de 26 ans, j’ai la ferme conviction d’être celui par qui le redressement de la CAF se fera à moyen terme d’ici à l’horizon 2025.
Pour arriver à cette conclusion, il a fallu poser un regard sans complaisance sur la situation actuelle de l’institution CAF à l’issue duquel un certain nombre de constats ont été faits. »
(…)
« En résumé, la CAF est au bord de la rupture, au point que certains, réfutant ses acquis indéniables dans plusieurs domaines ne retiennent que ses travers et elle a besoin en urgence d’un plan d’actions visant à son redressement sur les 4 années à venir avant de penser aux actions de consolidation devant la mener vers la CAF DU FUTUR à l’horizon 2025-2029. »
Le Sénégalais @AugustinSengho2 présente ce samedi, à Praia, son programme pour la présidence de la @CAF_Online pic.twitter.com/dxwVFnJyjl
— Babacar Ndaw FAYE (@BNFAYE) January 23, 2021
UNE AMBITION COLLECTIVE ASSUMÉE
« Plus qu’une ambition personnelle, notre engagement présent relève d’une prise de responsabilité historique : celui d’un jeune dirigeant du football africain initié, formaté et qualifié dans le moule, aguerri au contact de l’expérience des devanciers et enrichi par la fréquentation du haut management du football mondial.
Je revendique et j’incarne sans prétention aucune cette compétence jeune, engagée, généreuse et ouverte sur le monde qui peut et doit impulser par son leadership innovant la dynamique collective et participative capable de sortir le football africain de l’ornière. Dans cette optique, notre ambition pour la CAF a pour moteur l’atteinte d’un double objectif de développement durable :
à moyen et long terme : promouvoir et asseoir un développement horizontal, équilibré et durable du football africain au niveau continental articulé à un objectif de progression verticale de nos équipes représentatives et une affirmation accrue du footballeur africain au plan mondial ;
En somme, donner corps et âme d’ici 2029 soit 8 ans à cette conviction forte que nous avons que l’avenir du football mondial se fera surtout avec l’Afrique, ou ne se fera pas.
à court et moyen terme : voir dés 2026, l’ Afrique aller à la première coupe du monde à 48 équipes instaurée par l’équipe dirigeante actuelle de la FIFA avec un visage plus rayonnant et conquérant c’est à dire : une organisation mieux gouvernée, un football africain plus populaire, performant et attractif et des équipes représentatives plus compétitives et conquérantes.
placer plusieurs de nos équipes en quarts de finale de la Coupe du Monde Usa – Mexique – Canada, accéder aux demi-finales ou voir à ce stade des arbitres, coordonnateurs généraux, médicaux et autres officiels sera le meilleur message adressé au monde que la résilience du football africain l’a hissé des bas-fonds au sommet du football mondial.
Ne nous refusons pas le droit d’avoir cette ambition collective pour l’Afrique et son football.
C’EST POSSIBLE ! Et nous savons comment y parvenir à travers un programme pour la CAF du futur décliné dans un plan d’actions volontariste et novateur ! Une CAF soudée, rigoureuse et rayonnante, c’est ce que nous proposons et promouvons. »
DES RÉFORMES EN PROFONDEUR
1. Réformer en priorité et en profondeur l’ensemble du cadre juridique et décisionnel (textes, organes de gestion et de gouvernance, organes juridictionnels indépendants, procédures etc.) de la Confédération.
2. Restructurer le mode de fonctionnement du Comité exécutif ainsi que le mode de désignation de ses membres en privilégiant les critères de compétence et d’éthique, les principes d’équilibre et d’inclusion des composantes géographiques (Unions zonales) et linguistiques de même que l’unité et la cohésion des membres au service de l’intérêt exclusif du Football continental.
3. Poursuivre et accélérer les actions de restructuration et de modernisation de l’administration de la CAF avec la compétence, la rigueur, la transparence et l’esprit d’équipe érigés comme modèle de gestion pour une efficacité optimale. Accompagner cette restructuration par la mise en place d’outils de mesure et d’évaluation des performances de l’administration. Il s’agit de mettre en place une politique de management responsable afin d’en optimiser les résultats et impacts.
Le programme de @AugustinSengho2 pour la @CAF_Online en quatre axes prioritaires (Gouvernance, Développement des compétitions, Gestion financière et commerciale et Partenariats) et en 11 engagements phares pic.twitter.com/riFjg9kouC
— BNF ?? (@BNFAYE) January 23, 2021
8. Définir et mettre en place une nouvelle politique efficiente de mobilisation des ressources financières conjuguée à une gestion rationalisée des dépenses à travers un manuel de procédures garantissant la transparence à tous les niveaux de décision et de gestion et l’investissement des ressources au profit exclusif du Football, de ses acteurs et des associations membres.
Ce sera l’objectif 3 R pour les Finances de la CAF : redresser, recapitaliser, réinvestir les ressources de la CAF dans le Football africain.
9. Mettre fin aux contentieux commerciaux en cours opposant la CAF d’une part à certaines organisations de régulation de la concurrence et d’autres part à certains partenaires marketing dans une logique de mise à plat des conséquences négatives induites sur les recettes commerciales de la CAF.
10. Jeter concomitamment les bases d’une politique commerciale forte mettant en avant les instruments modernes de promotion de l’image de la CAF et de rentabilisation des droits commerciaux à travers le marketing, la digitalisation, le sponsoring et les droits de télévision dans un esprit de partenariat transparent, équilibré et mutuellement bénéfiques.
« LA CAF DANS LA FIFA, LA FIFA AVEC LA CAF »
Depuis 2015, avec l’avènement de la nouvelle équipe dirigeante de la FIFA dirigée par le Président Gianni Infantino (dont le slogan favori « vous êtes la FIFA » est connu de tous), le développement de la CAF a occupé une place centrale dans le programme de l’instance mondiale à travers un appui multiforme et toujours plus substantiel aux actions de la Confédération, des associations nationales et mêmes des Unions zonales.
Les relations entre la FIFA et la CAF vont aujourd’hui au-delà du cadre des dispositions statutaires sur les Confédérations reconnues par la FIFA et il faut
s’en féliciter.
Rien ni personne ne devrait ni ne peut créer une ligne de fracture dans cette osmose mutuellement bénéfique (une CAF, démembrement continental de la
FIFA en progression, c’est l’indice de développement du Football à l’échelle mondiale qui s’en ressent positivement).
L’une des pierres angulaires de notre plan d’actions consistera à consolider cette relation dans tous ses aspects avec comme socles la confiance, la concertation permanente et la recherche de points dynamiques de convergence et d’harmonisation sur les questions d’intérêt continental et/ou de portée mondiale.
Emedia