L’état d’avancement des infrastructures sportives au Sénégal dresse un constat préoccupant. Douze (12) projets de construction ou de réhabilitation de stades à travers le pays, représentant un investissement global de près de 40 milliards de francs CFA, sont à l’arrêt ou n’ont jamais démarré.
Le rapport parcouru par wiwsport révèle 12 infrastructures sportives planifiées dans 9 régions, pour un montant de 39,4 milliards de FCFA, aujourd’hui toutes à l’arrêt. Entre 2016 et 2022, 13,9 milliards ont déjà été décaissés sur ces chantiers confiés à un seul et même prestataire pour tout le pays et sans qu’un seul stade n’ait été livré.
Des ambitions contrariées
Au départ, le programme de construction et de réhabilitation des stades visait à doter toutes les régions du pays d’infrastructures modernes, capables d’accueillir des compétitions nationales et internationales et de développer la pratique du sport sur tout le territoire.
Mais neuf ans après la signature des premiers contrats (2016), les réalisations peinent à se concrétiser. Sur le terrain, les travaux sont à l’arrêt à Patte d’Oie, Nguélaw, Kédougou, Sédhiou et Fatick, tandis qu’à Tivaouane, Malika et Kaffrine, les chantiers n’ont tout simplement jamais été entamés. Seuls les stades de Bambèye et Nguéniène connaissent une progression partielle, très en deçà des prévisions initiales.
Selon le document, ces retards résultent d’une combinaison de facteurs : foncier non sécurisé, absence de validation budgétaire, désaccords contractuels et procédures administratives trop lentes. Dans la plupart des cas, les sommes versées ne correspondent pas au niveau réel d’exécution des travaux.
Patte d’Oie, Nguélaw, Bambèye et Nguéniène : des chantiers bloqués
Le projet de construction des stades de Patte d’Oie et de Nguélaw, confié à CSTP SA pour un coût total de 2,29 milliards de francs CFA, est à l’arrêt depuis plusieurs mois. Les travaux, censés durer dix mois, ont été suspendus en raison de l’indisponibilité des assiettes foncières et de l’insuffisance de crédits budgétaires. À Bambèye et Nguéniène, les stades en réhabilitation connaissent un sort à peine plus favorable. D’un coût global de 1,63 milliard de francs CFA, le chantier a pris un retard considérable malgré le décaissement de 1,58 milliard de francs CFA, soit 97% du coût global. Un différend oppose la Direction des Infrastructures Sportives et CSTP SA à propos de la révision des prix.
Tivaouane, Malika et Kaffrine : des projets jamais lancés
Les stades de Tivaouane et de Malika, prévus pour un coût total de 2,39 milliards de francs CFA, n’ont jamais vu le jour malgré le versement d’une avance de démarrage de 479 millions. À Malika, le site choisi n’est pas conforme aux normes requises, tandis qu’à Tivaouane, d’autres initiatives locales de construction ont créé des chevauchements de compétence. Même scénario à Kaffrine, où le stade régional estimé à 7,45 milliards de francs CFA n’a toujours pas été lancé.
Kédougou et Sédhiou : des chantiers emblématiques en panne
Les stades régionaux de Kédougou et de Sédhiou illustrent à eux seuls les dérives du programme. À Kédougou, le projet lancé en 2016 pour un montant total de 3,95 milliards de francs CFA est à l’arrêt après plusieurs mises en demeure adressées à l’entreprise CSTP SA. Le rapport évoque des écarts entre les montants décaissés de l’ordre de 2 milliards de francs CFA et le niveau réel d’exécution des travaux. À Sédhiou, la situation est similaire. Le projet, estimé à 4,52 milliards de francs CFA, accuse un retard criard. Les avances de démarrage et les paiements partiels atteignent plus de deux milliards, sans qu’aucune structure opérationnelle n’ait été livrée.
Saint-Louis et Fatick : des investissements sans résultats
À Saint-Louis, la construction du stade Me Babacar Sèye et du Palais des Sports du Stade Mawade Wade devait représenter l’un des projets phares du programme. D’un coût total de 16,8 milliards de francs CFA, ces deux infrastructures n’ont jamais démarré malgré le versement d’avances de plus de trois milliards. À Fatick enfin, la construction de la deuxième tribune du Stade Massène Sène, d’un montant de 298 millions de francs CFA, est interrompue depuis plusieurs mois.
CSTP SA, seul attributaire, au cœur des dysfonctionnements
Un point commun relie tous ces projets : l’entreprise CSTP SA. Présente sur l’ensemble des lots, elle a bénéficié de la confiance des autorités pour piloter la mise en œuvre du programme. Cependant, le document met en cause son incapacité à respecter les délais, à mobiliser les ressources nécessaires et à assurer la conformité des chantiers. Dans plusieurs cas, les avances ont été encaissées sans démarrage effectif des travaux, ce qui soulève de sérieuses questions de gouvernance et de suivi administratif.
Une gouvernance à revoir
Alors que le pays ambitionne de renforcer la pratique du sport de masse et d’accueillir davantage de compétitions régionales et continentales comme la Coupe d’Afrique des Nations, la réalité montre une planification défaillante. Le rapport recommande de revoir le cadre institutionnel de pilotage des projets, d’associer davantage les collectivités locales et d’instaurer un suivi financier rigoureux afin d’éviter la répétition de ces échecs coûteux.
En attendant, des milliards ont été engagés pour des stades qui, pour la plupart, restent invisibles sur le terrain.
Plus de 40 milliards FCFA 💰 ont été engagés pour la construction et la réhabilitation de stades au Sénégal 🏟️.
La majorité des chantiers sont à l’arrêt ou n’ont jamais démarré, malgré les avances déjà versées aux entreprises.
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— wiwsport (@wiwsport) October 23, 2025
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