La mort tragique du jeune footballeur sénégalais Cheikh Touré à Kumasi, au Ghana, a mis en lumière un système de recrutement opaque et inquiétant qui viserait de nombreux jeunes joueurs ouest-africains à la recherche d’un avenir dans le football.
Selon les premiers éléments recueillis, plusieurs autres victimes seraient concernées par ce réseau de faux recruteurs, dont les familles ont commencé à témoigner publiquement. Ces jeunes, souvent issus de milieux modestes, nourrissaient tous le même rêve : faire carrière à l’étranger.
Décès de Cheikh Touré au Ghana – Le Ministère de l'Intégration Africaine et des Affaires Étrangères se prononce : « Les autorités ghanéennes ont été officiellement saisies afin de diligenter une enquête approfondie…»
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Un voyage par étapes, payé au prix fort !
Les familles de victimes décrivent un processus bien rodé. Le recrutement se faisait de bouche à oreille, sans annonce officielle, ni structure identifiable. Les jeunes n’avaient qu’à fournir un CV sportif, une copie de leur carte nationale d’identité et un formulaire d’inscription. D’après plusieurs témoignages, les voyages auraient commencé depuis septembre, voire plus tôt. Le trajet s’effectuait par voie terrestre, en trois étapes, jusqu’au Ghana. Chaque candidat devait s’acquitter d’un frais initial de 220 000 FCFA (environ 335 euros). Une fois sur place, la désillusion commençait : on leur demandait de verser une somme supplémentaire de 850 000 FCFA (près de 1 300 euros), une somme considérable pour ces jeunes issus de familles à revenus modestes.
Entre promesses, chantage et silence
Pour les proches, la situation tournait rapidement au cauchemar. Beaucoup affirment avoir subi pressions et chantages de la part d’intermédiaires, sous prétexte de garantir la poursuite du « processus de signature ». Les familles, convaincues d’aider leurs enfants à saisir une opportunité, ignoraient les conditions précaires et dangereuses dans lesquelles ils vivaient sur place. Certains jeunes auraient été hébergés dans des conditions difficiles, sans véritable suivi médical, ni preuve d’un quelconque partenariat avec un club.
Kidnapping de jeunes footballeurs sénégalais : le PAC Academy FC dément tout lien dans l’affaire !
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Le cas Cheikh Touré, déclencheur d’une enquête bilatérale
Le décès de Cheikh Touré, présenté dans un premier temps comme un « accident », a finalement été classé comme mort suspecte par la police régionale d’Ashanti (Ghana). Le communiqué officiel publié ce 20 octobre 2025 évoque l’ouverture d’une enquête criminelle et la recherche active de témoins. Selon les informations disponibles, la famille de Cheikh Touré aurait été informée qu’il était décédé avec six autres joueurs lors d’une prétendue visite médicale. Mais l’enchaînement des faits, et surtout la présence d’un certain Issah, qui aurait conduit la victime à l’hôpital puis à la morgue, soulève de nombreuses zones d’ombre. Face à la gravité des faits, les autorités ghanéennes et sénégalaises ont ouvert une enquête pour déterminer les responsabilités dans cette affaire.
Au-delà du drame individuel, le dossier met en lumière un réseau d’escroquerie transfrontalier exploitant les rêves de jeunes footballeurs africains. Des filières qui profitent de l’absence de contrôle et de la précarité sociale pour promettre des carrières imaginaires contre des sommes considérables.
L’affaire Cheikh Touré vient rappeler la nécessité de renforcer la vigilance autour des initiatives de recrutement sportif et de protéger les jeunes talents contre les fausses promesses de l’étranger. Car derrière le rêve du football professionnel, se cachent parfois des circuits dangereux où l’exploitation, la tromperie et la détresse remplacent la réussite espérée.
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