Après une élimination prématurée en quart de finale de la CAN U17 face à la Côte d’Ivoire, le Sénégal, pourtant champion en titre, quitte la compétition avec un goût amer. Yaya Baldé, membre du comité exécutif de la FSF et président de la commission du football jeune et de la préformation, est revenu, dans un entretien accordé à Wiwsport, sur les raisons de cette sortie inattendue.
Entre déséquilibre dans l’effectif, manque d’efficacité offensive et absence de certains joueurs clés, il fait le point sans détour. Il évoque également les perspectives à venir, notamment le championnat national U17, censé insuffler une nouvelle dynamique à la détection et à la préparation des futures sélections, en vue notamment du Mondial de la catégorie prévu en novembre.
Comment expliquez-vous l’élimination précoce des champions en titre lors de la CAN U17 ?
Effectivement, comme tout le monde a pu le constater, c’est une élimination précoce, mais surtout très amère. On pensait avoir un effectif capable de nous mener jusqu’en finale. Malheureusement, comme cela a été évident pour tous, c’était une équipe déséquilibrée. Nous avons voulu miser sur une défense solide, mais sur le plan offensif, cela n’a pas suivi. L’équipe a manqué d’efficacité devant le but, et malgré les opportunités, nous n’avons pas su marquer les buts nécessaires à la qualification. Il faut aussi rappeler que l’équipe a été décimée par les tests IRM. Plusieurs jeunes joueurs, que nous avions testés ici au Sénégal, ont été écartés car nous voulions prendre zéro risque. Cela nous a coûté la perte de certains attaquants qui avaient un grand potentiel devant le but. En plus de cela, deux autres attaquants se sont blessés avant la compétition, ce qui a été un coup dur pour le groupe. Le coach a tenté de les remplacer, mais malheureusement, les joueurs qui ont été appelés n’ont pas réussi à répondre aux attentes. C’est une élimination qui fait très mal, car aujourd’hui, le Sénégal ne devrait plus s’arrêter au premier tour ou en quart de finale. C’est une nation qui doit toujours jouer les premiers rôles dans le football africain, et c’était justement notre ambition. Malheureusement, nous avons été éliminés prématurément. Mais le travail continue.
Peut-on dire que c’est un parcours d’échec ?
Je considère que cette campagne a été un échec pour l’équipe nationale U17. Le Sénégal, au minimum, aurait dû atteindre les demi-finales. Si la réforme du tournoi n’avait pas eu lieu, c’est justement la qualification en demi-finales qui nous aurait permis d’accéder à la Coupe du Monde. Heureusement qu’il y a eu cette réforme, Dieu merci. Cependant, si l’on se base uniquement sur nos résultats, je pense sincèrement qu’il y avait la place pour aller plus loin. À mon humble avis, cette campagne reste un échec, car les ambitions étaient plus élevées et le potentiel de cette équipe était supérieur à ce qui a été montré.
Sur le plan de la préparation, l’équipe championne en 2023 avait bénéficié de plus de matchs amicaux. Est-ce que cela n’a pas pesé dans la balance et contribué à cette élimination précoce ?
Ce n’est pas vraiment un problème de préparation, mais plutôt un souci lié aux hommes. On a pu voir l’équipe jouer et constater que l’entraîneur a su mettre en place une défense solide. C’est surtout en attaque que les choses n’ont pas répondu aux attentes. Je suis convaincu que si nous avions eu de bons attaquants, nous serions allés beaucoup plus loin. Il ne faut pas oublier que le secteur offensif a été fortement décimé, ce qui a forcément eu un impact. Ce n’est donc pas un problème de planification, mais plutôt de disponibilité des bons profils aux bons postes.
Selon vous, quelles seront les conditions à réunir pour éviter une nouvelle désillusion lors de la prochaine Coupe du monde U17 ?
J’invite l’entraîneur à parcourir le pays et à profiter du championnat U17 pour présélectionner les meilleurs joueurs de cette catégorie. J’encourage également la fédération à multiplier les matchs amicaux afin que le staff technique ait le temps et les moyens nécessaires pour bâtir une équipe compétitive. Il faut reconnaître que tout n’est pas à jeter : sur le plan défensif, on a observé une belle solidité. À présent, l’effort doit être mis sur le renforcement de certains compartiments, notamment en attaque et au milieu de terrain. Avec le championnat qui va bientôt débuter, le staff technique aura l’occasion d’observer un large éventail de joueurs. Il est important de comprendre que l’oiseau rare peut se trouver partout. On ne doit pas se limiter à Dakar et à ses environs. Le travail de détection doit s’étendre à tout le pays, pour donner la chance à tous les jeunes Sénégalais. D’ailleurs, nous sommes en train de préparer un calendrier pour le championnat U17, qui concernera l’ensemble des clubs engagés dans cette catégorie. Il devrait démarrer avant la fin du mois d’avril et se poursuivre jusqu’en juillet. Ce championnat offrira à l’entraîneur national l’opportunité de faire le tour du Sénégal et de découvrir les talents émergents.
Pourriez-vous nous en dire davantage sur le tournoi U17, ou le championnat que vous avez évoqué tantôt ?
Le territoire sera divisé en huit poules régionales : Dakar, Thiès, Fatick et Kaolack, Louga et Saint-Louis, Diourbel et Matam, Ziguinchor, Kolda et Sédhiou, Kaffrine, Kédougou et Tambacounda. Dans chaque poule, des matchs aller-retour seront organisés, à l’issue desquels une sélection de poule sera mise en place. Ces huit sélections régionales se retrouveront ensuite pour une phase finale, qui pourrait être abritée par la région de Sédhiou cette année. Cette phase regroupera les catégories U15 et U17 avec un tournoi structuré en phase de poules, suivi de demi-finales et d’une finale.
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