En vue des deux prochains matchs amicaux du Sénégal contre le Gabon et le Bénin, le sélectionneur de l’équipe nationale du Sénégal, Aliou Cissé, a dévoilé une liste de 31 joueurs retenus. Parmi eux, cinq nouveaux Lions qui découvriront la tanière. Pour analyser cette liste, Mohamed Ghandour, consultant, s’est prêté au jeu de questions-réponses lors d’une interview avec Wiwsport.
Quels enseignements tirez-vous de la nouvelle liste d’Aliou Cissé ?
C’est toujours dans la continuité, je pense qu’Aliou Cissé reste fidèle à sa stratégie. Il continue de faire confiance à son noyau dur, à son équipe de base. Ainsi, nous retrouvons toujours Édouard Mendy et les trois gardiens habituels. Ils sont des piliers de l’équipe. En défense, les barons sont également présents. Au milieu de terrain, nous retrouvons les mêmes joueurs, les fers de lance, les travailleurs et les stratèges qui font la force de cette équipe. En attaque, nous retrouvons aussi les habitués, à l’exception de quelques absents pour diverses raisons telles que des blessures ou des non-sélections. Aliou Cissé reste fidèle à son groupe de confiance, ce qui envoie un message fort à ses joueurs : nous perdons et gagnons ensemble. C’est une attitude importante pour maintenir la cohésion de l’équipe. En ce qui concerne les nouvelles convocations, je suis particulièrement satisfait de voir Arouna Sanganté et Seydou Sano appelés en défense. Ils apportent une solution à notre faiblesse au poste de latéral droit. Seydou est un excellent défenseur central, intelligent et physique, qui pourrait bousculer la hiérarchie établie. Mamadou Lamine Camara et Habib Diarra sont également des jeunes prometteurs qui peuvent apporter beaucoup à l’équipe. En attaque, le retour de Dion Lopy est une bonne nouvelle. Et la sélection d’Amara Diouf est pour moi une grande satisfaction. Il a mérité sa place et peut challenger les titulaires habituels. En résumé, cette sélection montre la confiance et la continuité d’Aliou Cissé, tout en intégrant de jeunes talents qui peuvent apporter du dynamisme à l’équipe. Il est maintenant important de les intégrer progressivement et de leur donner leur chance sur le terrain pour qu’ils puissent s’adapter et contribuer pleinement à l’équipe nationale.
Êtes-vous d’accord avec ceux qui pensent que c’est le moment de faire la transition dans l’équipe nationale ?
Le terme « transition » est très significatif dans le contexte d’une équipe. Il implique des changements importants. Personnellement, je pense que le moment est propice pour intégrer certains joueurs et profils, mais cela dépend également de la philosophie de jeu du coach Aliou Cissé. Si l’objectif est de réaliser une transition, introduire au moins un nouveau joueur dans chaque ligne de l’équipe, cela pourrait être très difficile avec la liste actuelle. En réalité, cette transition aurait dû commencer bien avant la Coupe d’Afrique. Nous avions la possibilité de tester de nouveaux profils et de nouvelles stratégies bien avant la fin des qualifications. Malheureusement, je pense que nous avons manqué cette opportunité. Une équipe nationale devrait toujours être en transition, mais cela ne signifie pas nécessairement changer tous les joueurs clés ou titulaires à chaque match. Cela implique plutôt d’adapter l’équipe en fonction des conditions physiques des joueurs et de leur forme au moment des matches. Les matchs amicaux sont des occasions idéales pour intégrer de nouveaux joueurs et expérimenter de nouvelles tactiques. Une équipe nationale intelligente est constamment en transition, mais de manière réfléchie. Cela inclut également des ajustements tactiques en fonction de l’adversaire et des compétitions à venir. Dans l’ensemble, je crois qu’une transition intelligente est essentielle pour une équipe nationale. Cela implique d’adapter l’équipe en fonction des circonstances et des objectifs à court et à long terme, tout en préservant la cohésion et l’identité de l’équipe.
Comment appréciez-vous la convocation d’Amara Diouf ? Pensez-vous que c’est le bon moment pour lui ?
Comme je l’ai dit précédemment, la convocation d’Amara Diouf est l’une de mes principales satisfactions, car Amara est un joueur qui a montré toutes ses qualités. Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent qu’il est encore trop jeune et qu’on risque de le brûler en le faisant jouer certains matchs. Au contraire, je pense que c’est un joueur qui aurait dû accompagner l’équipe nationale depuis son explosion. Même s’il n’avait pas été titulaire, il aurait déjà fait partie de ce groupe, aurait commencé à s’imprégner de la culture de l’équipe, à tisser des liens avec ses coéquipiers et à recevoir des conseils de ses aînés. Il est essentiel de protéger les joueurs, mais la question est : comment les protéger ? Pour moi, protéger un joueur, c’est surtout le protéger dans sa progression. Dans un groupe où il doit s’adapter, il faut lui donner le temps de le faire, tout en lui permettant de mettre en valeur ses qualités lors de certains matchs, afin de pouvoir évaluer sa capacité à s’intégrer et à passer à un niveau supérieur. Je suis donc très satisfait de sa convocation. Je pense que le bon moment pour intégrer un joueur dépend de sa qualité et de sa forme physique. Cela rejoint ce que j’ai mentionné précédemment concernant la nécessité d’une transition intelligente au sein de l’équipe nationale. Le bon moment est celui où l’on repère le bon joueur, en forme, correspondant au système de jeu désiré et capable de s’adapter au groupe. Donc oui, je suis très content de la sélection d’Amara Diouf.
Que pensez-vous du choix de nos deux prochains adversaires en matchs amicaux ?
Quand on les examine de plus près, ils semblent différents. Le Gabon est en train de revenir en force et de retrouver sa santé. Ne pas voir Aubameyang dans cette équipe est surprenant, mais l’entraîneur Thierry Mouyouma a de très bons joueurs à sa disposition : Denis Bouanga, Anthony Oyono (…) sont tous de très bons joueurs. C’est une équipe qui évolue dans un schéma offensif en 4-3-3 et qui est un bon sparring partner. Je pense donc que c’est une équipe qui lutte pour la première place dans le groupe F, en concurrence avec la Côte d’Ivoire. Le Gabon va bientôt affronter la Côte d’Ivoire dans un match très important. Ils ont actuellement six points dans leur groupe de qualification pour la Coupe du Monde. Rencontrer une équipe en forme et en pleine ascension sera un bon test pour eux, surtout après notre élimination contre la Côte d’Ivoire. Quant au Bénin, nous les connaissons bien. C’est du classique, avec un schéma en 4-2-3-1, très intelligent, avec Joel Dossou et Steve Mounié en tête d’affiche. Je pense donc que ce sont de très bons adversaires qui viennent au bon moment, ce qui devrait redonner confiance à notre équipe du Sénégal. Ils ont besoin d’affronter des équipes de ce calibre pour retrouver rapidement leur forme. Le plus important est de travailler sur le plan psychologique, en particulier contre le Gabon et le Bénin, pour se remettre dans une dynamique de compétition. De plus, le Sénégal reste une très bonne équipe. Nous ne devons pas juger leur niveau uniquement sur l’élimination contre la Côte d’Ivoire. Pendant cette compétition, il y avait deux objectifs : passer d’abord le premier tour, où le Sénégal a montré sa supériorité, il etait bien au dessus de tous ses adversaires et ensuite les matchs à élimination directe. Perdre en demi-finale ou en finale ne remet pas en cause la valeur de cette équipe. Les Gabonais et les Béninois savent très bien qu’ils affrontent l’une des grandes nations du football africain. De même, les Lions savent qu’ils ont besoin de se remettre en selle rapidement après leur échec en Côte d’Ivoire. Une victoire lors de ce premier match amical serait donc très importante pour redonner de l’élan à l’équipe.
La Fédération sénégalaise de football (FSF) a-t-elle bien fait de prolonger le contrat d’Aliou Cissé jusqu’en 2025 ?
Bon, cette question peut être considérée comme un piège, car elle explore un aspect plus profond. Logiquement, oui, car si l’on examine le bilan d’Aliou Cissé, je pense que c’est le meilleur que nous ayons eu avec un entraîneur de l’équipe nationale. Il est vrai qu’il a eu plus de temps que ses prédécesseurs, mais il a également été le coach qui nous a ramené la Coupe d’Afrique, ce qui est très important. Ce groupe est avec lui depuis presque 2015, et cela compte énormément. Bien sûr, certains joueurs vieillissent et entament la fin de leur carrière, mais nous avons aussi des jeunes, ce qui me satisfait beaucoup. Quant à la question de savoir s’il était judicieux de le prolonger, je dirais oui, car nous sommes en pleine campagne d’élimination et avons besoin de stabilité dans l’équipe. Il aurait été très compliqué de changer d’entraîneur, car ce même groupe est toujours là. Cela aurait pu nuire aux performances de l’équipe. Personnellement, je pense que la question aurait pu être formulée différemment en acceptant simplement que la fédération ait décidé de garder Aliou Cissé, ce qui est dans leur logique et à juste titre. Nous sommes dans une phase de continuité où nous voulons de la stabilité et où nous voulons que l’équipe rebondisse. Quant à la défaite amère contre la Côte d’Ivoire, nous en avons tous encore en mémoire. Il est vrai qu’il y a eu des défaillances tactiques et physiques dans ce match, mais il ne faudrait pas tout attribuer à Aliou Cissé, car il y a eu plusieurs facteurs en jeu. Ce match ne remet pas en cause tout le travail effectué depuis 2015. La fédération a fait son choix, et bien que j’aurais peut-être pris une décision différente, je respecte leur décision. Maintenant, c’est au coach de prouver qu’ils ont eu raison de le prolonger, et aux joueurs de montrer qu’ils n’ont pas perdu leur football en 120 minutes. Je pense que cette élimination peut être un stimulus supplémentaire pour cette équipe qui a déjà remporté ce qu’il fallait sur le continent mais qui doit maintenant se remettre en question. Il s’agit d’un choix de la fédération, et nous devons le respecter, même si nos opinions peuvent diverger. Aliou a atteint les objectifs fixés par la fédération, et les deux parties en sont satisfaites. Malgré cela, l’élimination contre la Côte d’Ivoire ne doit pas être un élément perturbateur pour la stabilité de l’équipe nationale et de la fédération sénégalaise de football.
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