De retour au bercail après plusieurs années en Italie, Adama Kane, entraîneur au Jappo Olympique de Guédiawaye et responsable de la section féminine (les Sirènes) avec laquelle il a remporté la Coupe du Sénégal cette année, dévoile les axes de sa collaboration son Président Djamil Faye. Entretien.
Pouvez-vous d’abord vous présenter et nous parler de votre parcours ?
C’est coach Adama Kane, diplômé de la Licence UEFA B, en Italie où j’ai d’abord joué pendant quinze ans. À la fin de ma carrière, j’ai décidé de passer une formation d’entraîneur avant d’obtenir mes diplômes et commencer à entraîner. J’ai d’abord entraîné des U20 et U19 masculins. J’ai aussi entraîné une équipe féminine séniore. J’ai décidé de revenir au Sénégal cette année afin de travailler avec monsieur Djamil Faye sur son projet avec l’équipe féminine du Jappo Olympique de Guédiawaye.
Comment êtes-vous arrivé dans l’équipe des Sirènes ?
Je suis arrivé dans l’équipe des Sirènes par le biais de son président, monsieur Djamil Faye. Il m’a contacté et m’a proposé son projet quand on s’est rencontrés. J’ai tout de suite su que c’est un projet fiable auquel j’ai tout de suite adhéré afin de travailler avec ce monsieur que beaucoup de Sénégalais ne connaissent pas très bien, à mon avis.
Alors, parlez-nous un peu de Monsieur Djamil Faye, c’est quel genre de personne ?
Djamil, c’est le professionnel. C’est un gentleman pro. Moi, je me dis que le professionnalisme n’est pas une question d’apparaître à la télé ou je sais pas où, c’est dans la tête. Comme moi je vis et respire le professionnalisme, je me retrouve bien avec Djamil. Tout se passe bien. On a une connexion extraordinaire. Lui, comme moi, est à la recherche de la performance. Le Sénégal ne peut pas avoir quelqu’un de mieux que Djamil. Ce n’est pas moi que le dis hein. Je ne le connaissais pas, mais oui, il est bien connu à l’étranger. Le fait qu’il m’a contacté pour travailler ensemble, c’était le maximum.
C’était donc votre première saison avec les Sirènes… Racontez-nous la !
C’était non seulement une première avec les Sirènes mais aussi avec le football sénégalais, de mon pays. Il ne faut pas oublier que j’ai fait mes débuts (de footballeur) en cadet et en Navètanes ici, avec notamment la Jeanne d’Arc et le Guédiawaye FC. Footballistiquement parlant, j’ai grandi en Italie. Mais le fait de revenir au Sénégal me permet de voir une autre réalité et une autre façon de penser. Chaque pays avec sa mentalité footballistique (…).
Venir me mesurer au Sénégal avec d’autres coachs n’a pas de différence pour moi, même si cela a été difficile. J’ai dû travailler très dur et m’adapter avec les joueuses en leur faisant comprendre mes méthodes et ma façon de faire. Au début, il y avait ce problème avec le respect des heures. Mais j’ai fait comprendre à tout le monde que ça ne colle pas, qu’il faut respecter les horaires d’entraînement. En fin de compte, on a terminé deuxième en Championnat et remporté la Coupe du Sénégal.
Qu’est-ce que ça fait d’être cet homme là que vous êtes et d’entraîner des footballeuses sénégalaises ?
Mes parents m’ont inculquer une bonne éducation : la discipline, l’humilité, la simplicité. Je ne cesserai jamais de les remercier pour avoir fait de moi cette personne que je suis aujourd’hui. Je leur serai toujours reconnaissant. Pour moi, il n’y a pas de différence d’entraîner des hommes ou des femmes. J’ai commencé avec des équipes masculines. J’étais dans une équipe qui avait une section féminine en difficulté et on m’avait demandé si je pouvais donner un coup de main. Je le faisais à ma manière, sans problème.
Moi, je ne vois pas des hommes ou des femmes, je vois des athlètes en face de moi. Entraîner des hommes ou des femmes, c’est avoir la même méthodologie et le même mode de fonctionnement. Il n’y pas de différence. C’est un honneur pour moi d’entraîner des Sénégalaises et Sénégalais. C’est une grande valeur que de partager mon expérience avec des gens de mon pays. Je suis très enthousiasmé par le travail que je fait.
Vous avez terminé deuxième du Championnat et remporté la Coupe du Sénégal… Une saison réussie pour les Sirènes ?
On peut dire que c’est une saison réussie, mais il ne faut pas oublier qu’on est toujours en chantier. C’est un projet qui vient juste de commencer. On est passé des Sirènes à Jappo Olympique de Guédiawaye. C’était une année de transition. Un projet ne se construit pas sur une année, il nous faut du temps. On est toujours en chantier et on va continuer. Mais on ne va pas faire le fine bouche, c’est une année réussie parce qu’on a gagné la Coupe du Sénégal. On ne s’attendait pas à ça.
Avez-vous quand même rêvé du titre de Champion du Sénégal malgré l’expérience et la forteresse en face, notamment avec Dakar Sacré-Cœur ?
Bien sûr que j’en ai rêvé ! Il ne faut pas oublier qu’on était à deux points du Dakar Sacré-Cœur. Tout était possible. On jouait pour remporter le Championnat et on s’est accroché sur qu’à la dernière journée. Avec le 0-0 au match retour contre le DSC, c’était toujours possible. Malheureusement, on a fait match nul contre l’AFA et Dakar Sacré-Cœur en a profité pour prendre le large. Après, comme on ne pouvait plus gagner le Championnat, j’ai automatiquement dit à mes joueurs qu’on va se concentrer sur la Coupe.
On a éliminé le DSC en demi-finales. Malgré l’expérience et la forteresse du DSC, on s’est toujours basé sur notre collectif. Mais il n’y avait pas que le DSC. Il y avait l’USPA, l’AFA et d’autres équipes. Les résultats qu’on a obtenus cette saison étaient impensables. Les gens ne nous attendaient pas là, on était des outsiders. Tout le monde prédisait une avant-dernière place pour nous. On a fait un gros travail.
Quels sont les objectifs pour la saison prochaine ? Allez-vous déjà rester coach des Sirènes ?
Les objectifs, se sont les mêmes. Que je l’ai déjà dit, nous avons un projet. On va continuer sur ce chantier-là pour la saison prochaine. Oui, bien sûr que je resterai l’entraîneur des Sirènes. Si ce sera difficile de conserver nos meilleures joueuses ? Vous savez, le football est imprévisible et on ne peut pas canaliser les athlètes. Chacun regard ses propres intérêts. Mais on espère conserver nos meilleures joueuses.
Fatou Sonko va-t-elle rester ?
Oui, elle va rester avec nous. C’est notre meilleure buteuse et elle se sent bien avec nous. On va l’accompagner s’il y a des propositions qui viennent de l’étranger, sinon elle va rester.
Comment trouvez-vous le niveau du foot féminin sénégalais ?
C’est un bon niveau, mais il faut travailler davantage. Que nous, les entraîneurs; aidons ces filles. Il faut rappeler qu’elles n’ont pas reçu une formation de base. Elles sont volontaires et passionnées. On doit être patient avec elles et les accompagner dans leur progression. C’est comme ça qu’on pourra avoir de meilleurs résultats. Dernièrement, il y a beaucoup de joueuses sénégalaises qui partent à l’étranger et il y a des étrangères qui viennent jouer au Sénégal. Ça montre que le niveau est assez bon. Il y a une vitrine très importantes.
La sélection féminine est sur une phase ascendante mais qu’est-ce qu’on doit améliorer selon vous pour franchir un certain cap, pour prétendre aller loin à la CAN ?
Il ne faut pas oublier que la sélection féminine a été éliminée en quart de la finale de la dernière CAN. Il faut continuer le travail depuis la base. Si nous travaillons davantage, les filles progresseront et l’Equipe Nationale en gagnerait. Il y a de l’expérience avec notamment ces expatriées qui arrivent. Il y a beaucoup de jeunes qui ont du talent. Il faut seulement que les clubs travaillent davantage. Ainsi, on aura plus de joueuses et l’Equipe Nationale aura plus de possibilités de pouvoir aller loin et gagner la Coupe d’Afrique. C’est possible.
Seriez-vous intéressé à entraîner l’Equipe Nationale Féminine ?
Avant tout, je suis supporter et patriote. Mais pour le moment, il y a Mame Moussa Cissé qui est en train de faire un beau travail avec les filles, et ça depuis quelque temps. Il faut que nous qui sommes dans le football féminin l’accompagnons. On encourage les joueuses et on travaille davantage au niveau des clubs pour que la sélection puisse être beaucoup plus performante. Il faut un entraîneur chevronné et Mame Moussa est chevronné. Moi, je suis assez jeune. Je préfère pour l’instant me concentrer sur mon club. On verra ce qui arrivera dans le futur.
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