Passer à l’étape supérieure, tenter une nouvelle expérience ne s’avère pas toujours chose évidente, surtout dans la carrière d’un footballeur. Désireux de tourner la page Saragosse pour une nouvelle expérience, l’attaquant sénégalais est pourtant convoité en Belgique par le RWD Molenbeek dont il taira le nom dans cet entretien, il est aussi cité du côté de l’Inter Miami, le club où vient de signer Lionel Messi. Ses débuts, son expérience stéphanoise, son passage en Espagne, Makhtar Gueye nous dit tout.
- L’entretien
Peux-tu revenir sur tes débuts dans le football ?
J’ai fait mes premiers pas de footballeur à bas âge, à Médina puisque j’y suis né et j’y ai grandi. J’ai fréquenté l’école de football Ibou Ba et celle de Fama & Codou. C’est de là que j’ai joué dans les rues comme le fait tout petit garçon né à Médina. Je l’ai fait avec mes pairs et ma génération. J’ai fait les navétanes avec notamment l’équipe de Médina, Damels (cadet et sénior). Après ce passage, j’ai joué le championnat du Sénégal avec les Juniors de Gorée et trois ans plus tard, avec l’équipe première avant de voyager.
Pourquoi le nom de Médina est souvent lié au football ?
Tout le monde connaît la relation entre le quartier de Médina et le football en particulier. Beaucoup de grands noms du football sénégalais sont issus d’ici notamment Ciré Dia, ancienne gloire, Gana Gueye, etc. C’est un quartier populaire mais qui a toujours bercé des athlètes de haut niveau.
Pourquoi avoir choisi le football et non un autre sport malgré tes aptitudes ?
Si je n’étais pas footballeur, j’allais trahir une tradition familiale. Je suis issu d’une famille de sportifs ou presque tout le monde a pratiqué. Mon père était footballeur, il a joué à la JA, au Jaraaf entre autres équipes ; vous voyez que même mon petit-frère aussi est un footballeur. Ma sœur était une athlète aussi. On est une famille de sportifs et surtout de footballeurs. Parfois même je me pose la question : « qu’est-ce que j’aurais été si je n’étais pas un footballeur ? ». Pour dire la place qu’occupe le football dans le cocon familial.
Comment s’est passé ton voyage en Europe, ta première expérience ?
Mon voyage en Europe s’est passé comme sur des roulettes. Aujourd’hui encore j’en rends grâce à Dieu. Je salue au passage Assane (celui qui a facilité son voyage vers l’Europe). Lui, il fait partie des gens qui n’ont ménagé aucun effort pour que j’y aille. Bon, un beau jour, Assane est venu me parler de tests qu’un agent étranger devait effectuer aux Maristes. Au temps, j’étais à l’US Gorée. Je suis allé aux tests avec mon père et Dieu a fait que ça a abouti. Par la suite, on est allé signer les papiers à l’hôtel Radisson pour que je puisse partir en France.
Quel a été ton premier club en France ?
Mon premier club professionnel c’est avec Saint-Etienne ! Mais je dois préciser que pour mon premier voyage, je suis allé à Le Havre. C’est après que je suis revenu au Sénégal pour repartir avec un visa long séjour. Il s’est passé quelque chose là-bas, vous savez avec le football tout va très vite. En une minute tout peut changer. C’est ainsi, alors que je devais signer au Havre AC, j’ai finalement rejoint Saint-Etienne.
Qu’est-ce qui s’est passé lors de ton passage à Saint-Etienne ?
Tout s’est bien passé là-bas ! C’est dans ce club que j’ai vraiment appris beaucoup de choses dans le football. J’y ai découvert le vrai football. C’est à Saint-Etienne qu’on a fait de moi un vrai attaquant de pointe. Ils m’ont donné assez de bagages pour être le joueur prêt à l’emploi que je suis aujourd’hui. Je garde toujours de bons rapports avec eux. D’ailleurs, à chaque période de vacances, j’y passe pour dire bonjour. Le président de Saint-Etienne c’est mon papa !
Pour dire vrai, je n’ai pas une obsession pour la sélection nationale.
Arrive le club qui t’a vraiment révélé, que gardes-tu de ton passage à Oostende ?
Effectivement ! Si beaucoup m’ont connu aujourd’hui, c’est en grande partie à travers mon passage à Oostende. C’est un club pour lequel je garde que de souvenirs positifs à vrai dire. C’est vrai que jouer en Belgique n’est pas trop évident, les Belges sont durs. Mais c’est le propre de tous les pays et chaque pays a ses réalités. J’y ai côtoyé un coach extraordinaire, un Allemand. Il m’a lui aussi beaucoup soutenu parce que je dois avouer que je suis un gars difficile à vivre (rires). Je suis encore jeune, parfois je fais mon petit numéro mais ce coach m’a beaucoup aidé. Si j’ai eu de belles performances à Oostende, il en est pour beaucoup.
Qu’est-ce que cela t’a fait de manquer la CAN 2022 malgré ta forme étincelante ?
Pour dire vrai, je n’ai pas une obsession pour la sélection nationale. Je n’ai jamais eu de problème par rapport à l’équipe nationale quant à ma convocation ou non-convocation. Maintenant, comme tout footballeur, tu joues au football, tu donnes le maximum et pries pour avoir des chances d’être appelé en équipe nationale. Mais après tout, ça dépend de la volonté de Dieu, de tes performances, de ton comportement et beaucoup d’autres critères. Parce que la sélection ce n’est pas le club, c’est tout un pays. De mon côté, je continue de jouer, d’être le plus performant possible et prier pour qu’un jour je puisse être appelé. Le moment venu, je serai en sélection. C’est ainsi que je vois les choses.
Quelle est ta force en tant que footballeur et ce que tu crois être ta faiblesse ?
Ma force ? Je dirais mon abnégation ! Quand je décide d’obtenir quelque chose ou de le réaliser, je deviens intenable et je le fais quoiqu’il advienne. Par exemple, quand j’arrivais à Oostende, le club ne jouait que le maintien. Je suis venu devant le Président, il m’a fait savoir que le projet d’Oostende était de jouer les play-offs et je lui ai fait la promesse que le club allait jouer les play-offs. Il m’a regardé et a rigolé mais j’y croyais fort et on l’a finalement fait. Si je prends une décision je me donne les moyens et Dieu me bénit toujours dans cela.
En revanche, s’il y a quelque chose que je dois améliorer en moi, c’est de travailler ma vitesse. On me le fait beaucoup remarquer – que je dois davantage travailler ma rapidité notamment dans les actions. On me reproche aussi d’oublier les dribbles et de me focaliser sur l’objectif : c’est-à-dire marquer des buts. J’avoue que j’aime les dribbles bien que ce ne soit mon point fort. On m’a surtout et trop souvent demandé de jouer tel un attaquant de pointe. Toutefois, je me dis toujours que j’ai une marge de progression, on ne cessera jamais d’apprendre.
Le choix Real Saragosse s’est fait à la dernière minute. Il faut dire que ce qui était prévu dans nos plans, c’était de signer à Burnley.
Pourquoi le Real Saragosse après Oostende ?
Le choix Real Saragosse s’est fait à la dernière minute. Il faut dire que ce qui était prévu dans nos plans, c’était de signer à Burnley. Mais pour des raisons que l’on ne saurait dire, je n’y ai pas signé. Ça fait partie des réalités du mercato mais j’en retiens que cela ne devait juste pas se faire. C’est au dernier moment que j’ai rejoint le Real Saragosse.
Quel bilan tires-tu de ta saison au Real Saragosse ?
Cette saison en Espagne a été très difficile ! C’est une saison qui m’a appris de nouvelles choses dans le football. Cela a fait de moi un homme, un vrai adulte ! J’ai vécu à Saragosse quelque chose que moi seul et Dieu en sommes témoins. Cela m’a montré une autre facette de la vie. Il y a eu trop de choses inexplicables. J’y étais en prêt avec option d’achat obligatoire, mais là, si cela ne tenait qu’à moi, je ne rejouerai plus au Real Saragosse. J’y ai eu une mauvaise adaptation, une saison sans but, c’est très difficile pour un attaquant. Là nous sommes en mercato, je laisse mes agents s’occuper de cela et l’avenir nous en dira plus.
Est-ce Makhtar Gueye a la CAN 2023 en tête ?
Pourquoi pas ? On n’a pas encore démarré la saison ! Mais bien sûr que je pense à la CAN ! Mais encore une fois, si je dois y être, j’y serai par la grâce de Dieu. Je garde la même détermination et la même abnégation de bosser très dur. Après le reste, ce sera au coach de faire son choix et si Dieu le veut, Makhtar Gueye sera en Côte d’Ivoire. A chaque sélection de l’équipe nationale je me dis que je serai sélectionné. Parce que c’est mon pays et je rêve de le représenter dignement et fièrement. Mais être sélection veut dire travailler dur parce que c’est le plus important.
Ça n’a pas été une saison exceptionnelle, mais je promets de revenir plus fort.
Comment tu vis les rumeurs de transferts qui t’envoient à l’Inter Miami en MLS ?
Oui ! (Rires). Je ne cesse d’être interpellé par rapport à ce transfert depuis des jours. J’ai effectivement eu écho de cette information mais en mercato, on ne peut avancer sur rien. C’est un truc très sensible. Ce que je peux vous dire, c’est que je suis là et je m’entraîne beaucoup pour revenir en force. Le reste on verra (Rires).
As-tu déjà eu des contacts outre cette rumeur durant ce mercato ?
Humm… Je ne peux vraiment pas vous dire grand-chose parce qu’en réalité je ne maîtrise pas trop les détails. Peut-être vous dire que j’ai des touches en Belgique.
Ton mot de la fin ?
Vous remercier ! Je remercie wiwsport.com. Je vois de loin le travail que vous faites notamment par rapport à nos performances. Je salue au passage mes fans et proches. Je sais qu’ils ne m’ont pas trop vu cette fois, mais qu’ils se rassurent je suis là. Je travaille juste à les rendre plus fiers. Ça n’a pas été une saison exceptionnelle, mais je promets de revenir plus fort. Merci !
wiwsport.com (Propos recueillis par Jean Joseph)