Leader incontesté de la sélection sénégalaise des moins de 17 ans, le champion d’Afrique, Fallou Diouf a balayé de nombreux sujets dans cette interview accordée à Wiwsport. Du parcours honorifique du Sénégal en Algérie, en passant par la finale arrachée des mains des marocains et son penalty qui a fait couler beaucoup d’encre et de salives, l’un des meilleurs défenseurs de cette campagne s’est confié sans détour.
Interview
Depuis quand avez-vous commencé à pratiquer le football ?
Je ne sais pas exactement, mais j’ai commencé très jeune. J’ai très tôt aimé le football. Au début, mes parents n’étaient pas d’accord avec moi. Ils voulaient que je me concentre sur mes études. Je me rappelle, je fuyais souvent les cours pour aller m’entraîner. Ils ont fini par céder et depuis ils m’encouragent sur cette voie que j’ai choisie.
Comment tu as fait pour rejoindre l’équipe nationale U17 ?
Mon premier contact avec le coach [Serigne Saliou Dia], c’était lors d’une rencontre de Coupe du Sénégal entre Be Sport académie et Teungueth en catégorie cadette au stade Ngalandou Diouf. Ce jour-là, il était présent au stade et il m’a vu jouer. A mon retour mon coach m’appelle pour m’informer que le sélectionneur voudrait m’inviter. J’ai répondu à sa demande le lendemain, par la suite il m’a demandé de faire un test IRM qui a confirmé mon éligibilité. Quelques jours plus tard, je suis convoqué à aller disputer le tournoi UFOA [qualification pour la CAN]. Et voilà, la suite appartient à l’histoire.
Tu te rappelles de ton premier match disputé sous les couleurs de la sélection U17 ?
Oui, c’était lors d’une confrontation amicale contre la Tunisie au stade Lat Dior de Thiès. Nous avons remporté ce match sur le score de 5-1. C’était mon tout premier match avec la sélection des moins de 17 ans.
Quelle analyse fais-tu de votre parcours en Coupe d’Afrique U17, sanctionné par un sacre ?
Je pense que nous avons fait un parcours positif. Parce que nous sommes la meilleure attaque et la meilleure défense du tournoi. En plus, on est l’équipe qui détient le plus de représentants dans le onze type de la compétition. Donc on peut dire que notre parcours était très positif.
Sur le plan personnel comment as-tu trouvé ta campagne ?
“Le savon ne se lave pas lui-même”, c’est ce qu’on dit souvent. Mais, si je me fie aux gens qui ont suivi la compétition, je peux affirmer que j’ai réalisé de bonnes performances. Maintenant, je vais essayer de rester sur cette lancée. Ce sera un grand défi.
On a remarqué une équipe sénégalaise très disciplinée en dehors et sur le terrain, qu’est-ce qui vous a plus marqué dans cette démarche du staff technique ?
Je me rappelle, à mon retour d’Italie pour un test, j’ai rejoint le regroupement avec une certaine mine. Je m’étais présenté en dégradé, c’est une coupe de cheveux. Mais j’ai été aussitôt recadré par le sélectionneur qui m’a dit, je cite : “tu fais partie des plus matures alors comporte toi comme tel. Tu dois donner de bon exemple”. J’avais très honte. Et depuis je ne me rase plus de cette façon. D’ailleurs, j’ai pris l’habitude maintenant de me raser le crâne.
Tu peux revenir sur ton premier match de Coupe d’Afrique ?
C’était contre le Congo [1-0. Je ne vais pas l’oublier aussitôt. Parce que j’ai marqué le but qui nous donne la victoire, l’unique but de la partie. Donc c’était une immense joie. Dieu a voulu que ça soit moi, le buteur alors que nos attaquants ont longuement essayé. Alhamdoulilah je ne peux m’en réjouir d’avoir aidé l’équipe à remporter ce match important.
Premier buteur sénégalais dans cette campagne, qu’est-ce que tu as pensé en premier après ton but ?
Rires, le coach. J’ai automatiquement couru vers lui pour le saluer. Pourquoi ce geste ? Parce qu’on était dans le dur avant le début de cette campagne. Au vu de nos résultats en matchs de préparation, peu de personnes croyaient à nous. Et il était la cible principale après notre défaite contre la Zambie (4-2). C’était donc ma manière à moi de le remercier.
Qu’est-ce qui explique selon toi cet exploit réalisé par votre génération ?
C’est le nouveau slogan « maanko wuti ndamli » qui nous sourit depuis sa création. On a cru à cela, on s’est dit qu’on pouvait surmonter n’importe quel obstacle. Les principes de l’union, de la détermination, de l’envie ont été notre source de motivation. On avait l’habitude de nous réunir chaque veille de match, sans la présence du coach et des autres, nous joueurs seulement. Et l’objectif était de disputer sur ce que chacun peut apporter à cette sélection.
Pourquoi dis-tu que votre match contre le Burkina Faso était le plus difficile ?
Parce qu’on a contrôlé que les 15 premières minutes du match. On était dominé par la suite par l’équipe burkinabé qui a dominé les 75 autres minutes. Certes, on a fini par encaisser un but, le premier but concédé dans cette compétition. Mais on n’a jamais cédé. On savait ce qui nous attendait avant de débuter cette rencontre. On l’a évoqué dans les vestiaires à la pause. Il fallait être costaud pour s’en sortir. C’est ce qu’on a réussi à faire.
Alors que le Sénégal est mené pour la première fois dans cette compétition, quel a été le discours tenu à la pause lors de la finale contre le Maroc ?
En première période, on a longtemps enchaîné les mauvais choix juste pour vouloir égaliser. Donc, dans les vestiaires, le staff nous a demandé de nous calmer et d’éviter de faire n’importe quoi avec le ballon. On a ensuite discuté entre nous joueurs pour nous motiver davantage et se rappeler des récents exploits réalisés par nos aînés. Malgré le score qui ne jouait pas en notre faveur, on a essayé de positiver. Au retour des vestiaires on a essayé d’appliquer les consignes ce qui nous a valu une grande satisfaction en commençant par obtenir un penalty.
Justement, tu pensais à quoi au moment de tirer le penalty ?
Je pense toujours à mes récentes réussites sur penalty. Je reste positif, je me concentre au maximum, j’avance doucement tout en récitant un khassida. Cela me réussit donc je ne vais pas changer ma façon de tirer le penalty (rires).
Qu’est-ce que cela te fait de faire partie de cette génération qui a offert la première Coupe d’Afrique U17 au Sénégal ?
Une très grande satisfaction, une joie immense, on rend aussi grâce à Dieu. Je pense aussi que c’est le fruit d’un travail abouti à Toubab Dialaw. Parce que rien n’était facile, on a enduré beaucoup de choses là-bas. Ils nous confisquaient nos téléphones. On demandait la permission pour pouvoir appeler nos parents. On pouvait enchaîner deux matchs de 90 minutes en une journée. Et je peux dire qu’on n’a pas volé ce trophée.
En tant que jeune défenseur, tu t’inspires sur quel joueur ?
J’adore Saliba [William]. Parce qu’il est pragmatique, sérieux dans ce qu’il fait en plus d’être talentueux. Je m’inspire de lui. Le Réal Madrid est mon équipe de cœur.
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