Désignée pour officier durant la CAN U20 (14 février au 6 mars), la première grande CAN masculine de sa carrière, l’arbitre assistante sénégalaise Adja Isseu Cissé revient pour l’APS sur cette expérience, ses débuts dans l’arbitrage et ses ambitions pour cette passion, qu’il a embrassée « à la maison ».
Comment une Sénégalaise arrive-t-elle à se passionner pour l’arbitrage dans le football ?
Réponse : En vérité, je peux dire, à défaut d’y être née,
que j’ai grandi dans l’arbitrage pour avoir vécu chez mon oncle (feu Badara Mamaya Sène, ancien arbitre international et dirigeant de l’arbitrage au Sénégal et en Afrique). Et en plus la famille me voyait comme quelqu’un ayant très tôt les aptitudes.
Bien avant l’arbitrage, je jouais beaucoup au football dans les cours de récréation avec les garçons, j’ai joué au handball et au volley-ball. Et pour ce dernier sport, j’aurais pu aller loin mais l’arbitrage m’a rattrapée. Je le voulais et tout le monde a poussé derrière, je n’ai pas regretté, au contraire. Je nourris désormais les plus grandes ambitions de siffler dans les plus grandes compétitions et vivre toutes les expériences.
Comment on allie sa vie de femme et l’arbitrage ?
Réponse : C’est de l’organisation purement et simplement. Quand j’ai décidé de m’engager, je me suis donné les moyens. J’ai certainement hérité ce caractère de mon oncle – c’est le grand frère de ma mère -, quand on décide de faire quelque chose, on va au bout. J’ai travaillé beaucoup et je n’ai lésiné sur rien, je me suis mise à fond aussi bien sur le plan théorique que pratique. Je ne vivais que par l’arbitrage et pour l’arbitrage. Mon grade d’internationale en 2010 est venu confirmer mes progrès.
Au niveau familial, je viens d’ailleurs de me marier (janvier 2021), mon mari a été arbitre, il comprend mon emploi du temps, forcément, je sais qu’il sera compréhensible. Mais à la maison, je suis une femme Sénégalaise comme toutes les autres ayant des droits et des devoirs, même si actuellement, mon mari est à l’étranger, je reste une épouse.
Au niveau professionnel, je suis actuellement employée à la mairie de Rufisque, j’allie ma passion et mon travail et je vais d’ici remercier mes supérieurs pour leur compréhension. Je ne prends pas de congé mais chaque fois que je dois aller faire une compétition, ils acceptent de bonne grâce parce que d’une certaine manière, je les représente.
Comment se passe la CAN U20, siffler une compétition importante chez les garçons ?
Réponse : J’applaudis cette décision de la CAF (Confédération africaine de football) de désigner les femmes pour les compétitions masculines. D’ailleurs, ç’aurait pu venir plus tôt pour booster davantage les femmes arbitres.
Au Sénégal, il n’y a aucun souci à ce niveau, nous avons l’habitude de siffler dans l’élite masculine sénégalaise et personnellement, j’ai officié durant le tournoi de qualification à cette CAN U20, dans la zone ouest A UFOA, donc je me sens dans mon élément.
C’est vrai que la CAN, c’est un cran supérieur mais croyez-moi, ce n’est pas plus compliqué de siffler chez les garçons. Les règles d’arbitrage sont les mêmes partout. Et mieux, il est plus facile de siffler chez les garçons parce que ça joue, ils sont sur le terrain pour jouer et gagner, ils ne cherchent pas autre chose.
Quelles sont vos ambitions pour cette CAN U20 ?
Réponse : Aller au bout même si ce serait difficile. Les hommes vont nous tuer (éclats de rires) si on leur prend la finale. Sérieusement, avec les autres filles (une centrale sud-africaine Akhona Makalima et une juge assistante mauritanienne Mariem Chedad), nous visons loin mais je comprendrais qu’on ne nous donne pas la finale à siffler. Officier durant une demi-finale, ce serait top.
APS