Le procès de l’ancien patron mondial de l’athlétisme, Lamine Diack, a débuté depuis lundi. Ce mercredi l’avocat Habib Cissé, l’un des prévenus a dû s’expliquer sur une note retrouvée chez lui, qui détaille des remises d’argent pour que des athlètes échappent aux sanctions disciplinaires.
« S. Kirdyapkin (700.000 euros) », « Y. Zaripova (600.000 euros) »: la note laisse supposer que certains athlètes soupçonnés de dopage sanguin ont bénéficié d’une « protection totale » (« full protection ») contre des sommes à 6 chiffres. Pourquoi l’ancien avocat de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), missionné pour gérer les cas de dopage russe à partir de la fin 2011, a-t-il reçu ce document, saisi par les policiers à son domicile ?
Habib Cissé a expliqué avoir réagi avec « stupéfaction et étonnement » en recevant cette note, parce que celui qui en apparaît comme l’auteur, l’entraîneur russe Alexeï Melnikov, ne connaissait « pas un mot d’anglais« . Mais le président de la fédération russe d’athlétisme (ARAF), Valentin Balakhnitchev, l’aurait rassuré : « Ne t’inquiète pas c’est une erreur« . « Je n’aurais jamais imaginé que ce torchon de mensonges me soit opposé« , a poursuivi Habib Cissé, 48 ans.
Des virements douteux
Les enquêteurs ont retrouvé la trace d’un virement, un « remboursement » de 300.000 euros reçu par la marathonienne Lilya Shoboukhova, après sa suspension en 2014. Or, ce virement provenait d’un compte associé à l’un des autres prévenus, Papa Massata Diack, ancien conseiller marketing de l’IAAF et fils de son ex-président, Lamine Diack.
Habib Cissé, qui clame son innocence, a eu du mal à expliquer un échange de SMS avec ce même Papa Massata Diack, où ce dernier lui demande « de retourner les 50.000 euros reçus sur le cas Shoboukhova dès lundi« , et auquel il répond qu’il a besoin de temps pour payer l’intégralité. « J’ai rendu quelques milliers d’euros pour que ça s’arrête (…) je ne devais rien« , a-t-il soutenu, assurant n’avoir « jamais reçu un centime de Shoboukhova ».
Six acteurs, dont les Diack père et fils, sont jugés pour corruption devant la 32e chambre correctionnelle, notamment pour avoir permis à partir de fin 2011 de retarder des procédures disciplinaires contre des athlètes russes soupçonnés de dopage. Selon les juges d’instruction, cette indulgence a notamment favorisé les négociations de l’IAAF avec un sponsor et un diffuseur russes, la banque d’Etat VTB et la chaîne RTR pour les Mondiaux-2013 à Moscou. Prévu mercredi, l’interrogatoire de Lamine Diack n’avait pas encore démarré en fin d’après-midi.
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