Vous êtes sélectionneur du Sénégal depuis janvier 2016. Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter ce challenge ?
Au niveau personnel, il y a l’enrichissement culturel. J’ai commencé ma carrière d’entraîneur au Havre dans un quartier avec une communauté sénégalaise fortement représentée. Dans la sélection actuelle d’ailleurs, il y a quatre joueuses que j’ai connues lors de mon passage au Havre. Donc dans ma jeune carrière d’entraîneur, j’ai été marqué par la culture africaine, particulièrement, la culture sénégalaise. Quand le président de la fédération (Seydou Diouf, ndlr), m’a proposé le défi, forcément c’était déjà quelque chose qui était au fond de moi.
Au niveau sportif, j’ai pris Le Havre en deuxième division, et on a fini en gagnant une coupe d’Europe, deux coupes de France, et en étant un club très solide de Première division. Ensuite, je suis allé à Fleury Loiret qui était neuvième de première division et qui s’était maintenu à la dernière journée en 2012. On a fini champion de France, on a fait une finale de coupe d’Europe, une finale de Ligue des champions.
Le Sénégal a eu une médaille de bronze aux Jeux Africains, mais à la CAN, il n’a jamais eu de médaille, ni participé à un championnat du monde. Personnellement, ce sont des défis que j’aime. Ça me fascine. On est là pour marquer un peu l’histoire du handball sénégalais, et cela me motive beaucoup.
Où situez-vous le niveau de l’équipe par rapport à l’élite du continent ?
Aujourd’hui, il y a d’abord les trois équipes qui étaient présentes aux championnats du monde cet hiver au Danemark : l’Angola, la Tunisie, et la RD Congo. Elles ont de l’avance sur nous. Après, une équipe comme le Cameroun est très difficile à jouer, parce qu’elle présente un jeu qui est assez atypique, un handball agressif et physique. Je crois que le Sénégal, avec une équipe très, très jeune, est dans le top 5 africain. A quelle place exactement ? C’est difficile à évaluer aujourd’hui, mais il faudra mettre au moins deux équipes derrière pour monter sur le podium à la CAN et se qualifier au Mondial.
Vous avez eu l’équipe, avec 25 joueuses, en stage du 10 au 14 mars à Orléans. Quels ont été les principaux enseignements de ce regroupement ?
On voulait mettre en place la vie de groupe et toute l’organisation autour des règles de vie, notre mode de fonctionnement. Aujourd’hui, on prépare un évènement qui va être très intense au niveau émotionnel avec tout un stress qui sera présent chez les joueuses. Je pense qu’il faut que l’équipe se prépare en amont en ayant de petites habitudes, des routines, des habitudes de travail, de manière à ne pas être perturbée par l’environnement au moment de la préparation des gros matches. Ensuite, ce stage m’a permis de découvrir les joueuses individuellement et de mettre en place une partie du projet de jeu collectif.
Ce n’est pas trop compliqué d’entrainer un club de l’élite et une sélection en même temps ?
Non ! Cela nécessite une organisation. Tout le travail au niveau de la sélection, je le fais très tôt ou le soir, tard. Dans la journée, j’ai mes fonctions d’entraîneur de Fleury. Après il y a beaucoup de coaches qui cumulent sans problème, si l’on prend l’exemple de Vincent Collet au basket (entraîneur de Strasbourg et sélectionneur de l’équipe de France masculine). Je pense que c’est une très bonne chose parce que ne pas coacher, ne pas gérer de matches et se retrouver comme ça à la tête d’une sélection, ça ne rend pas le coach meilleur.
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