L’une des révélations de l’année 2024, Elhadji Malick Diouf s’impose comme l’un des jeunes talents les plus prometteurs du football sénégalais. Transféré en janvier au Slavia Prague en provenance de Tromsø IL, le latéral gauche brille tant en championnat qu’en compétitions européennes.
Auteur de performances décisives et régulières, il a également su se faire une place au sein des Lions. Dans cette interview exclusive accordée à Wiwsport, Le joueur représenté par l’agence Premium Sports Management, revient sur son ascension fulgurante, ses débuts en sélection nationale, et son admiration pour Sadio Mané, son coéquipier en équipe nationale.
Entretien.
Comment vivez-vous cette première partie de saison intense, aussi bien sportivement qu’émotionnellement, avec le Slavia Prague et l’équipe nationale du Sénégal ?
Je suis reconnaissant pour les opportunités que j’ai eues cette saison. C’est un privilège de représenter mon club et mon pays. Cela demande beaucoup de travail et de sacrifices, mais j’essaie de rester humble et concentré sur l’essentiel : progresser chaque jour et aider mes équipes à atteindre leurs objectifs.
Que pouvez-vous nous dire sur votre formation à l’Académie Mawade Wade et votre passage au Tromsø IL ?
Je ne peux pas parler de ma formation sans rendre hommage à l’Académie Galaxy FA de Salif Diao, qui m’a tellement apporté depuis mes débuts. C’est là que tout a vraiment commencé pour moi. Ils m’ont non seulement donné les bases techniques, mais aussi inculqué des valeurs comme la discipline et le respect, qui m’accompagnent encore aujourd’hui. Ensuite, l’Académie Mawade Wade a été une étape importante juste avant mon départ pour Tromsø IL. Tromsø, c’était un vrai défi. Découvrir un nouveau style de football, une autre culture… C’était un football plus physique, plus direct. J’ai dû m’adapter vite. C’était parfois dur, mais c’est ce qui m’a fait grandir.
Vous semblez parfaitement intégré au Slavia Prague. Qu’est-ce qui a été le déclic après vos premiers mois en République tchèque ?
Je pense que l’intégration est surtout une question d’attitude. J’ai été bien accueilli par mes coéquipiers et le staff, et je me suis donné à fond pour m’adapter au style de jeu et à la culture. Avec du travail et du respect pour ceux qui m’entourent, tout devient plus facile.
Vous êtes souvent décisif pour un latéral. Comment expliquez-vous cette régularité ?
Vous savez, mes coéquipiers me taquinent parfois en disant que je joue comme un ailier caché, mais je ne vois pas ça comme une critique. J’aime me projeter et apporter offensivement. À l’entraînement, je travaille beaucoup pour être dans les bons espaces et capitaliser sur les opportunités. Marquer ou faire une passe décisive, c’est toujours une satisfaction, mais au fond, c’est juste une partie du travail collectif. Je reste concentré sur ma mission principale : aider l’équipe.
Le Slavia Prague réalise une très belle saison jusqu’ici. Qu’est-ce qui fait la force de cette équipe ?
Notre force vient de l’unité du groupe. On travaille les uns pour les autres, avec beaucoup de respect et de solidarité. Chacun donne le meilleur de lui-même, et cela se reflète sur le terrain. On a aussi une équipe bien équilibrée, avec un bon mélange d’expérience et de jeunesse.
Comment avez-vous vécu la non-qualification en Ligue des champions, notamment après le match retour contre Lille ?
Ça m’a fait mal, je ne vais pas mentir. J’avais du mal à dormir après ce match, surtout en repensant à certains moments où on aurait pu mieux faire. Mais c’est ça, le football. Il faut accepter les hauts et les bas. Lille est une grosse équipe, et on a appris de cette expérience. Maintenant, on est encore plus motivés pour revenir plus forts et montrer qu’on peut rivaliser à ce niveau.
Quel type d’entraîneur est Jindřich Trpišovský ? En quoi vous a-t-il fait progresser ?
C’est un entraîneur exigeant, mais qui sait motiver ses joueurs. Il m’a beaucoup aidé à améliorer mon jeu défensif et ma lecture du jeu. J’apprends chaque jour grâce à ses conseils, et je lui suis reconnaissant pour cela. Il m’a aussi donné beaucoup de liberté pour m’exprimer sur le terrain, et ça m’a aidé à progresser.
À quel point Abdallah Sima vous a-t-il inspiré dans votre choix de rejoindre le Slavia Prague ?
Abdallah, c’est comme un grand frère pour moi. Quand j’étais sur le point de signer, il m’a raconté comment le club l’avait aidé à progresser et à se révéler. Ce qui m’a marqué, c’est quand il m’a dit : « Sois patient, les bonnes choses viendront. » Il avait raison, parce que tout prend du temps. Son parcours ici m’a vraiment inspiré, et je suis fier de marcher sur ses traces.
Parlez-vous avec Simion Michez au sujet de l’équipe nationale du Sénégal ? Pense-t-il à intégrer la sélection ?
Oui, on en parle parfois. Il est curieux, il me pose des questions sur l’ambiance et les attentes. Je pense qu’il a le talent pour apporter quelque chose à l’équipe. Mais c’est un choix personnel, et je respecte ça.
Qu’avez-vous ressenti lors de votre première sélection avec les Lions contre le Burundi en septembre dernier ?
C’était un moment très spécial, un rêve devenu réalité. Entendre l’hymne national et porter ce maillot pour la première fois, c’est quelque chose qui reste gravé. J’étais nerveux au début, mais une fois sur le terrain, j’ai juste pensé à jouer pour mon pays avec fierté et respect.
Avec l’équipe nationale, avez-vous l’impression de ne pas encore avoir montré votre plein potentiel ?
Oui, je pense que je peux encore apporter davantage. Je travaille dur pour m’améliorer et être à la hauteur des attentes. Avec le temps, je suis sûr que je pourrai pleinement m’exprimer. Chaque sélection est une occasion d’apprendre et de progresser.
Le fait de jouer piston en club et dans un 4-2-3-1 avec le Sénégal a-t-il un impact sur vos performances ?
Cela demande des ajustements, mais je prends cela comme une opportunité d’apprendre. Jouer dans différentes positions m’aide à devenir un joueur plus complet. Cela me pousse aussi à réfléchir différemment et à mieux comprendre le jeu.
Comment évaluez-vous votre complémentarité avec Sadio Mané sur le côté gauche ?
Sadio est un joueur exceptionnel, un vrai leader sur le terrain. Jouer à ses côtés, c’est une chance, mais aussi un défi, parce qu’il faut être capable de suivre son rythme et de comprendre son jeu. Une fois, pendant un entraînement, il m’a dit : « Si tu cours dans l’espace, je te trouverai. » Depuis, j’essaie toujours d’être là où il a besoin de moi. Notre complémentarité vient de cette compréhension mutuelle et du fait qu’on joue pour le collectif.
Quelle est votre approche face à la concurrence avec Ismail Jakobs ?
Pour moi, la concurrence, c’est une bonne chose. Ça te garde sur le qui-vive. Ismail, c’est un super joueur, et on se respecte beaucoup. L’important, c’est que l’équipe gagne, peu importe qui joue. On est là pour le Sénégal, pas pour nos ego.
Quels sont vos objectifs pour l’année 2025, aussi bien avec le Slavia Prague qu’avec l’équipe nationale du Sénégal ?
Mes objectifs sont simples : continuer à progresser, gagner des titres avec le Slavia et aider le Sénégal à briller sur la scène internationale. Je veux rester concentré sur le travail, tout en gardant une attitude humble et respectueuse.
wiwsport.com propos recueillis par Anta B Ndiaye