C’est le conte de fée de l’intersaison dans la meilleure ligue de basketball du monde. Non « drafté » après quatre années passées à l’université de Floride centrale, le pivot sénégalais Tacko Fall a finalement réussi à convaincre les Boston Celtics de lui ouvrir les portes de la NBA. Pour le géant africain (2,26 m), c’est le début d’une belle aventure et le prolongement d’une «Tacko mania» affirmée à travers les quatre coins des États-Unis.
Vous avez disputé, il y a peu, vos premières minutes en NBA sur le parquet du Madison Square Garden, à New York. Comment avez-vous vécu cette soirée si spéciale?
Ça a été l’un des moments les plus intenses de ma vie jusqu’à présent. Je n’aurais pas pu imaginer que cela se passe aussi bien et j’étais tellement excité lorsque mon entraîneur m’a demandé d’entrer sur le terrain ! C’est un rêve qui se réalise, un moment qui restera gravé dans ma mémoire à jamais. J’ai mis tellement d’efforts et j’ai fait tellement de sacrifices pour en arriver là, je suis vraiment heureux. Je sais qu’il reste encore beaucoup de choses à faire et qu’il y a encore beaucoup d’étapes à franchir, car je veux avoir une très longue carrière, mais mes débuts en NBA ont été vraiment une superbe chose pour moi.
On sent que les fans de basket à travers le pays sont très enthousiastes de vous voir jouer, et qu’une «Tacko mania» a traversé toute la ligue. Comment gérez-vous ce genre d’attention si particulière ?
C’est agréable et ça me fait plaisir de voir que les fans me soutiennent et qu’il y a une réaction positive lorsqu’ils me voient. Je n’avais pas vraiment prévu cela, je ne m’attendais pas à cela ! (Sourire). C’est vraiment super de sentir le soutien et la sympathie des supporters, quelle que soit la ville où je me suis rendu jusqu’à présent. Lors de mon premier match de pré-saison avec les Celtics, c’était la folie. Lorsque je suis entré en jeu, tout le monde était debout à crier, à danser, c’était juste incroyable (rires). C’est vraiment touchant et je suis très reconnaissant envers les gens qui me montrent autant de sympathie. Ça me donne de l’énergie en plus, et encore plus envie de montrer que je peux faire une belle carrière dans cette ligue.
Vous avez aussi rejoint l’une des franchises mythiques de la NBA, les Celtics de Boston…
Oui, c’est vrai je n’aurai pas pu tomber sur mieux. Je suis dans une très bonne organisation, les Celtics sont l’une des franchises les plus mythiques de la NBA, une référence mondiale dans le basket. Franchement, c’est le top niveau. Tout est mis à disposition pour que les athlètes se sentent comme chez eux et puissent travailler dans les meilleures conditions. Je ne vais pas me plaindre ! (Rires). Je joue dans l’une des équipes les plus connues du monde, les fans sont géniaux et la ville est vraiment très sympa. Je vis un rêve éveillé ! J’ai signé un two way contract (un contrat partiellement garanti qui permet à un joueur d’évoluer avec les Celtics et avec leur équipe de Ligue de développement, les Maine Red Claws, NDLR) et je vais tout donner pour m’installer durablement dans cette ligue et avoir un contrat totalement garanti.
Revenons sur votre parcours. Vous qui êtes natif de Dakar, on lit que votre passion pour le basket est venue un peu sur le tard et que le foot était votre vraie passion, comment ce changement s’est-il opéré ?
Oui, je jouais au foot. Mais, avec ma taille, je me suis mis a jouer au basket et j’ai mis du temps et de l’énergie dans ce sport. J’ai pu venir aux États-Unis alors que j’avais 16 ans. Je voulais progresser et j’ai eu l’opportunité de m’entraîner à Houston avec Hakeem Olajuwon, une légende avec laquelle j’ai pu échanger et apprendre, j’ai eu beaucoup de chance. Je n’oublierai jamais ces moments avec Hakeem « The Dream ». Ensuite, j’ai filé en Floride et j’ai eu une bourse d’études universitaires. C’était vraiment super important pour moi, car même en étant à fond dans le basket, je voulais aussi faire des études, donc j’ai pu concilier les deux. C’est ma mère qui est contente, car je suis diplômé d’une université américaine en Business ! Puis, tout s’est enchaîné très vite. La March Madness (la Ligue universitaire), les essais avec les équipes NBA puis la Draft, et enfin la signature de mon contrat avec les Boston Celtics.
Vous êtes dorénavant l’un des ambassadeurs du sport sénégalais dans le monde. Vous semblez très attaché à vos racines…
(Il pointe un doigt sur ses baskets, ornés du drapeau sénégalais). Oui, vous voyez, je porte toujours mon pays avec moi (rires). Je suis très fier d’être Sénégalais, très fier de représenter ma ville et mon pays dans la meilleure ligue du monde. C’est important pour moi d’être un bon exemple pour mes compatriotes et pour la jeunesse du pays. Je suis un Lion de la Téranga, et fier de l’être. J’ai pu rentrer au pays cet été et cela m’a fait beaucoup de bien de passer du temps avec les jeunes et d’échanger avec eux. Mais je ne suis pas aussi connu que Sadio Mané ! (Sourire).
Depuis quelques années, on observe une montée en puissance des basketteurs africains en NBA. Avez-vous pu échanger avec les autres joueurs issus du continent ?
Oui, bien sûr. Je parle souvent avec mon compatriote Gorgui Dieng (Timberwolves du Minnesota), qui me donne des conseils et qui me dit de toujours bosser dur. On parle d’un peu de tout, du pays, de l’équipe nationale et de notre envie d’aider la sélection et le basketball sénégalais de continuer à avancer. J’ai pu parler aussi avec les Camerounais Joël Embiid et Pascal Siakam également, et je discute dès que je le peux avec quelques autres joueurs africains de la ligue. Les gars comme Gorgui, Pascal et Joël sont des exemples à suivre pour moi, et des idoles sur le continent. On va tout donner pour faire briller l’Afrique sur la scène la plus connue du basket mondial et on veut être de bons exemples pour la jeunesse. On veut montrer que tout est possible à force de travail et de persévérance.
source: rfi